Les images de Lee sont devenues les témoignages les plus forts des crimes de l’Holocauste et s’inscrivent dans l’histoire – mais ne laisseront pas la photographe indemne et ce jusqu’à la fin de sa vie. Avec Marion Cotillard, Alexander Skarsgård et Kate Winslet, qui recevra cette année le Golden Icon Award au ZFF.
LEE MILLER
Kate Winslet a initié ce biopic en tant que productrice et joue elle-même le rôle-titre de la photographe indépendante. Kate Winslet reçoit le Golden Icon Award au Festival du film de Zurich. (ZFF)
LEE MILLER | SYNOPSIS
Mannequin et muse du photographe d’avant-garde Man Ray, Lee Miller (Kate Winslet) se lasse vite d’être l’objet de ses collègues masculins et se concentre sur son propre travail de photographe. En pleine guerre, elle part sur le front français en tant que photoreporter et documente pendant des mois les horreurs de la Seconde Guerre mondiale avec son collègue David E. Scherman (Andy Samberg). Lee et David sont témoins de la libération de Paris et ils se glissent dans l’appartement abandonné d’Hitler à Munich – où la photo la plus connue et la plus importante est prise par Miller elle-même: dans la baignoire du Führer. Enfin, ils font également partie des premiers photographes à entrer dans les camps de Buchenwald et Dachau. Les photos de Lee deviennent les témoignages les plus forts de ces crimes horribles et se gravent dans l’histoire. Elle a, par son courage et son refus des conventions, changé la façon de voir le monde.
LEE MILLER | AUTRES AVIS
«LEE d’Ellen Kuras se révèle être un biopic traditionnel à la réalisation routinière, avec une Kate Winslet exceptionnelle dans le rôle de Lee Miller, qui donne son titre au film et qui, avec ses photos de guerre bouleversantes, a créé des documents d’époque essentiels contre l’oubli». – Filmstarts | «Malgré quelques lignes narratives un peu longues, LEE est un biopic bien réalisé et émouvant sur une personne qui mérite d’être honorée.» – Empire | «LEE permet de redécouvrir une personnalité fascinante dont l’œuvre et le courage de vivre au milieu des horreurs de la Seconde Guerre mondiale méritent notre attention. Ses photos de guerre ont été prises parce que Lee Miller a appuyé sur le déclencheur de son appareil photo à des moments décisifs. Elles soulèvent des questions éthiques qui nous intéressent aujourd’hui : si les victimes de la violence et des crimes de guerre peuvent être représentées en image dans leur intégrité ou si la force probante de l’image n’est pas plutôt nécessaire pour documenter les véritables atrocités ». – efd
Critique d’Ondine Perier
LEE MILLER d’Ellen Kuras nous plonge dans la vie fascinante de Lee Miller, photographe de guerre, incarnée avec intensité par Kate Winslet. D’abord muse de Man Ray, puis photographe de mode, elle se battra pour devenir une photographe de guerre renommée. Son parcours l’amène à capturer des moments terrifiants de la Seconde Guerre mondiale, avec des images marquantes telles que les corps décharnés des camps de concentration, les femmes tondues, ou encore son célèbre cliché d’elle-même nue dans la baignoire d’Hitler. Ce biopic se veut un hommage à une femme forte, résiliente, et dotée d’un regard artistique unique.
Le film est structuré en flash-back, une narration qui vise à éclairer les différentes étapes de la vie de Lee et notamment les années fondatrices pour son travail de photographe de guerre de 1940 à 1945. Si cette structure permet d’aborder la complexité de son personnage et de révéler ses blessures intérieures, elle s’avère parfois trop académique et convenue. Ce choix, manque de dynamisme et de modernité, laissant un sentiment d’académisme qui contraste avec l’esprit avant-gardiste de Miller elle-même.
Une Kate Winslet intense et puissante
Heureusement, la puissance du personnage principal et la performance remarquable de Kate Winslet compensent cette linéarité narrative. Winslet incarne à la perfection une femme déterminée, en constante lutte avec les normes sociales et ses propres démons, notamment son addiction à l’alcool. Son interprétation oscille entre fragilité et force brute, rendant justice à la complexité de Miller, une artiste marquée par un traumatisme vécu dans son enfance qui explique sa dureté et sa difficulté à nouer une relation apaisée avec son fils unique.
Un esthétisme trop appuyé
Les images soignées sont presque trop belles pour refléter la brutalité des scènes de guerre. Les scènes de l’Holocauste, avec les corps entassés, semblent d’une beauté formelle qui risque de lisser l’atrocité qu’elles doivent évoquer. Cet esthétisme prévaut souvent au détriment de l’empathie et l’émotion, dommage… Les personnages secondaires sont notamment ses collègues photographes et journalistes qui l’accompagnent dans ses missions, donnent un souffle et un rythme supplémentaires au film. En revanche, les personnages français manquent parfois de consistance, et apparaissent en retrait alors qu’ils auraient pu être davantage exploités. Noémie Merlant et Marion Cotillard apportent cependant le glamour et la frivolité propices à l’époque d’avant-guerre parmi la classe intellectuelle dont les réunions ne manquent pas de gaité ni de fougue.
Le film fait également la lumière sur sa lutte personnelle pour s’imposer dans un milieu dominé par les hommes, se dressant contre son mari, Roland Penrose, mais aussi contre la rédactrice en chef de Vogue, pour qui elle travaillait et qui était pourtant son alliée et meilleure amie. L’artiste refuse de se plier aux choix éditoriaux imposés et défend sa vision artistique avec ferveur.
Pour conclure, malgré ses quelques longueurs et un académisme parfois trop marqué, LEE MILLER est un hommage vibrant et nécessaire à une femme qui a marqué l’histoire de la photographie. Il donne envie de (re)découvrir son œuvre, son engagement et son courage face à l’horreur qu’elle a su capturer avec un regard percutant et singulier.