Top 3 de la Rédaction
- Publié le 22. avril 2024
Chaque année, Vision du Réel offre une programmation riche et percutante qui ouvre les portes d'une réflexion sur le monde. Voici notre podium.
Ce top 3 nous transporte dans des odyssées bien distinctes : l’une se déroule le long de la côte ouest des Amériques, de l’Alaska à la Patagonie, imprégnée d’une ambiance bohème ; une autre offre une escale dans nos vallées suisses pour une entrevue avec le glacier du Rhône, qui se personnifie dans une voix omnisciente ; enfin, cap sur le Kenya pour un débat écologique sur la préservation de la faune et la flore et les répercussions sur les populations locales.
Visions du Réel confirme la fidélité de son public à l’heure de sa clôture. En effet, les chiffres des audiences présentes en salle sont stables suite à une année 2023 exceptionnelle qui avait vu une augmentation de 16% de la fréquentation du Festival. À noter qu’un public particulièrement jeune a été conquis par la présence du réalisateur américain John Wilson et de la cinéaste française Alice Diop qui présentaient tous·tes deux leurs démarches artistiques respectives dans des masterclass face à des salles combles. Pour rappel, le Grand Prix de la Compétition Internationale Longs Métrages remis par la Mobilière a été décerné vendredi soir à Nicole Vögele pour son film THE LANDSCAPE AND THE FURY.
Top 3 de Djamila Zünd
ROAD TO PATAGONIA de Matty Hannon (Australie, 2024)
Ce film, qui se présente comme une exploration visant à approfondir notre compréhension du monde qui nous entoure, ne se limite pas à simplement nous convier ; il émet un appel vibrant à chaque individu pour entamer un voyage personnel de découverte de soi et d’exploration du monde. C’est un récit immuable, incarné par la vie de l’Australien Matty Hannon sur seize années transformatrices.
Le périple de Matty a débuté par une rencontre fortuite : la découverte d’une photographie charmante d’un enfant se délectant d’une libellule grillée dans les forêts de Sumatra, en Indonésie. En tant qu’étudiant en écologie, il a ressenti le besoin pressant de s’immerger dans l’écosystème de Sumatra, à la recherche d’une reconnexion avec la vitalité de la nature. Malgré son retour à un emploi lucratif dans le monde occidental, un sentiment de vide persistait. Ainsi, il a acheté un billet aller simple pour l’Alaska, avec l’intention de traverser vers le sud, rencontrant des communautés locales en route vers la Patagonie.
Il n’imaginait pas dévier des trajectoires conventionnelles des nations développées, obsédées par l’exploration spatiale mais négligeant l’exploration de leurs paysages intérieurs. Ce récit captivant n’est pas seulement un film, mais aussi une exploration profonde de l’interconnectivité entre l’humanité et le monde naturel.
Cette histoire attendrissante transcende le récit centré sur l’homme, invitant les spectateurs dans un monde où les frontières entre l’humain et la nature s’effacent. À travers le voyage de Matty, nous entamons une odyssée physique et spirituelle, redéfinissant notre place au sein de l’écosystème plus vaste. À ses côtés, nous sommes témoins de moments de croissance personnelle, d’amour et d’une variété de modes de déplacement : des vans, des motos, à cheval, et même à travers le voyage de l’âme.
PARADiCE de Hugo Cousino, Pauline Zufferey, Sebastian Voide & Alain Kalbermatten (Suisse, 2023)
Au sommet des Alpes suisses, résonne le clapoti des eaux issues de la fonte des glaces. C’est dans ce murmure évocateur que « PARADiCE » nous transporte vers le Glacier du Rhône. Jadis tout-puissant, modelant les vallées avec une force indomptable depuis les sommets escarpés du Valais jusqu’aux rives tranquilles du Lac Léman, ce géant de glace dévoile aujourd’hui une nouvelle facette de son être. Il devient le conteur émouvant d’une histoire partagée, laissant derrière lui la crainte qui alimentait les légendes pour nous ouvrir les portes de nos rencontres passées.
Chaque goutte d’eau, fruit de la fonte progressive des glaces, dévoile un peu plus les trésors enfouis de notre héritage ancestral, tissant ainsi un lien intime entre notre destinée et celle de cette masse glacée imposante. Sous la guidance éclairée des guides de montagne, des archéologues, des géologues, des historiens et des conteurs, nous naviguons à travers les siècles, découvrant les multiples facettes de la relation complexe entre l’homme et la nature.
Pour enrichir cette expérience captivante, la musique entraînante de Sandrine Rudaz transcende les barrières linguistiques. Le film bilingue voit ainsi ses éléments fusionnés, où les échanges en français et en suisse-allemand se mêlent pour former une symphonie harmonieuse. Ainsi, « PARADiCE » nous invite à une exploration profonde et intime de l’âme de celui qui devient notre ami, le Glacier du Rhône.
ONE BUT MANY de Janna Giacoppo (Kenya, Botswana, Zimbabwe, Zambie, Afrique du Sud, UK, USA, 2023)
Ce documentaire va quant à lui porter notre attention sur l’Afrique, où les tensions entre l’homme et la faune sauvage atteignent des niveaux critiques. Du Kenya à la Tanzanie, le film met en lumière les nuances de ce défi grandissant et propose des solutions tangibles pour préserver à la fois les espèces en danger et les communautés locales. En exposant le rôle des chasseurs de trophées et des gouvernements dans la perpétuation de ces conflits, il soulève une question essentielle : comment pouvons-nous surmonter nos différences pour bâtir un avenir durable pour toutes les formes de vie sur notre planète ? Avec une voix équilibrée et une perspective documentée, « ONE BUT MANY » nous incite à réfléchir sur notre responsabilité collective envers notre environnement et les générations futures.
Tous ces films de cette sélection posent ainsi la même interrogation : la perspective individualiste menace de nous mener à un échec écologique et un désastre humanitaire. La notion de vie en communauté, cherchant un terrain d’entente entre l’humain et la nature, a été autrefois reléguée au second plan, mais rétrospectivement, elle apparaît comme la voie vers la durabilité. Peut-être que ces films pourraient susciter en nous une prise de conscience de notre histoire afin de comprendre où et pourquoi nous avons commis certaines erreurs dans la gestion de notre environnement, et comment, avec nos capacités actuelles, chacun de nous pourrait contribuer à cette entreprise collective pour unir nos communautés, renforcer notre humanité et bâtir un avenir meilleur pour les humains, la vie sauvage et la flore ! En cette Journée de la Terre, souhaitons à tout le monde une journée inspirante et réfléchie !