HANDLING THE UNDEAD est un film de zombies très différent des autres : mystérieux, introspectif et calme. C’est aussi une histoire de deuil, de perte, d’espérance ce qui le rend précisément fascinant et nous fait frissonner. La réalisatrice Thea Hvistendahl a basé son premier film sur un scénario de John Ajvide Lindqvist dont les livres LAISSE-MOI ENTRER et BORDER ont déjà été adaptés avec succès au cinéma.
HANDLING THE UNDEAD
Entre deuil et survie : réinvention des films de zombies avec Thea Hvistendahl dans HANDLING THE UNDEAD
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HANDLING THE UNDEAD | Synopsis
Oslo, une soirée estivale d’une chaleur écrasante. Des événements inhabituels se passent. Des nuées d’oiseaux dansent funestement dans le ciel crépusculaire. Sur un parking des alarmes de voitures se mettent soudainement à hurler. Les feux de signalisation s’affolent. L’électricité est coupée. Et les morts se réveillent. Anna a récemment perdu son petit garçon. Le père de cette dernière a décidé de déterrer son petit-fils à la tombée de la nuit pour le ramener à la maison parce qu’il ne supportait plus de voir sa fille souffrir. Tora a enterré sa partenaire dans l’après-midi mais maintenant celle-ci se tient debout en silence dans leur cuisine. David et ses deux enfants ont perdu leur épouse et mère dans la soirée dans un accident de voiture mais il semble qu’elle soit revenue à la vie. Cependant toutes ces personnes n’ont pas vraiment l’air vivantes. Que sont-elles et que veulent-elles ?
Critique de Djamila Zünd
Des zombies au service de la réflexion sur le deuil
Le premier film de Thea Hvistendahl, HANDLING THE UNDEAD, s’éloigne délibérément des archétypes classiques des films de zombies. Ce qui le distingue, c’est avant tout la diversité d’apparence des personnages ramenés à la vie : par exemple, l’un a le dos violacé, suggérant l’accumulation de sang dans son cercueil, un autre porte quelques cicatrices évoquant l’accident de voiture dans lequel il a perdu la vie, tandis que d’autres arborent un maquillage complet dans le style des films de George A. Romero. Contrairement au film TRAIN TO BUSAN ou à la série THE WALKING DEAD, ce drame, qui s’inscrit toujours dans le genre de l’horreur, traite néanmoins avec tendresse et nostalgie la ré-exploration par les personnages de leurs relations avec leurs proches fraichement revenus à la vie. Il se distingue également des histoires centrées sur des zombies agressifs et voraces, comme ceux de WORLDWAR Z, en invitant le spectateur à réfléchir à son propre système de valeurs, en le transformant en métaphore de la gestion du deuil.
Que feriez-vous si un être cher que vous venez de perdre revenait soudainement à la vie ?
Cette question clé est explorée de manière originale dans le film. Le surnaturel ne sert que de prétexte pour aborder des thèmes plus profonds. L’épidémie de zombies n’est ainsi qu’une toile de fond pour des réflexions beaucoup plus complexes, obligeant le spectateur à s’interroger sur sa propre société et sur ses propres attentes vis-à-vis de son cercle social. Le film souligne à la fois la douleur du deuil et la résilience des “survivants” en examinant les réactions individuelles et collectives à cette résurrection inattendue. Dès les premières scènes, le spectateur est transporté dans le quotidien de trois histoires qui s’entremêlent. Tous les personnages doivent affronter la perte d’un être cher et partagent un même événement déclencheur qui ramènera les morts à la vie : un phénomène électromagnétique inattendu perturbant les ondes radio et les schémas migratoires des oiseaux. Toutefois, leur manière de traiter les morts réanimés varie considérablement d’un groupe à l’autre. Cette intrigue complexe pose les bases des relations entre les groupes endeuillés et les individus ressuscités.
Faire face au deuil : la peine qui nous dévore tel un zombie
HANDLING THE UNDEAD souligne également l’importance cruciale du soutien apporté aux personnes en deuil. Par exemple, Tora (Bente Børsum), une octogénaire solitaire, fait ses adieux à son compagnon décédé au salon funéraire, illustrant la solitude et le besoin de réconfort. Il explore également la façon dont les jeunes enfants sont confrontés à la perte de leur mère dès leur plus jeune âge, en soulignant les conséquences psychologiques et émotionnelles de cette épreuve. Enfin, il se penche sur le cas d’Anna (Renate Reinsve), une jeune mère endeuillée qui semble ignorer les efforts déployés par son père Mahler (Bjørn Sundquist) pour la soutenir dans cette épreuve difficile. Thea Hvistendahl nous invite donc à une réflexion profonde sur la nature du deuil et les dynamiques familiales et sociales qui en découlent, tout en nous captivant par son exploration des réactions humaines face à l’extraordinaire.
Mot de la fin
Des questions lourdes à digérer, réservées à un public averti. HANDLING THE UNDEAD est une histoire qui mérite d’être découverte, non moins pour le frisson de l’action, mais pour la réflexion profonde qu’elle suscite.
HANDLING THE UNDEAD est un film nuancé et très émouvant qui dépasse les conventions des films de zombies pour proposer une réflexion introspective et émotionnelle. Ainsi, chaque silence et chaque arrêt est chirurgicalement réglé, permettant au spectateur de s’immerger dans une atmosphère qui, pour un film de morts-vivants, n’est pas habituelle, mais bien plus fine et pénétrante. Préparez-vous à vous laisser bercer par la touchante reprise de “Ne me quitte pas” de Jacques Brel par Nina Simone, qui deviendra la bande-son de vos réflexions sur le film après la projection.