Le parcours hors normes de Marinette Pichon, recordwoman du nombre de but et de sélections en équipe de France jusqu’en 2020, hommes et femmes confondus.
Marinette
Virginie Verrier : «Je souhaitais réaliser un biopic sur une grande sportive française.»
Marinette | Synopsis
Marinette Pichon a le foot dans la peau dès son plus jeune âge. Élevée par une mère courageuse qui doit faire face à un mari violent, elle surmonte les difficultés et se forge une détermination sans faille. Alors qu’elle mène de front petits boulots et carrière sportive, elle est sélectionnée en équipe de France puis repérée par un grand club américain. Marinette débarque alors avec sa mère aux Etats-Unis, poursuivant le rêve de devenir la meilleure joueuse du monde.
Marinette | Autres avis
«La complicité entre l’actrice et la footballeuse a porté ses fruits car ce film, qui n’a pas peur d’être militant, touche même si on ne se passionne pas pour le sport.» – 20 Minutes | «Un biopic plein de finesse.» – Télérama | «Si certains personnages sont brossés un peu trop rapidement, la trajectoire exemplaire de l’héroïne méritait d’être portée sur grand écran. Un itinéraire salutaire.» – Le Parisien
Virginie Verrier est née à Paris. Diplômée du Conservatoire Libre du Cinéma Français et de l’Université Paris 8 section cinéma, elle commence sa carrière en tant qu’assistante réalisateur. Rapidement, elle réalise des courts métrages, clips et séries TV. En 2016, Virginie crée sa société de production VIGO FILMS afin de produire son premier long métrage «À 2 heures de Paris» sorti en juin 2018. La même année, Virginie fait la rencontre de la pionnière du football français Marinette Pichon et décide d’adapter sa vie pour l’écran. «Marinette», premier biopic d’une sportive en France, sortira le 7 juin 2023, qu’elle a également produit.
Critique de Djamila Zünd
En 2023, les footballeuses françaises n’ont toujours pas accès au statut de joueuse professionnelle, une réalité qui perdure malgré le fait que leurs homologues masculins en bénéficient depuis de nombreuses années. Le biopic percutant de Virginie Verrier bouscule avec audace l’ordre établi et appelle au changement. Ce désir d’action culmine dans la conclusion du film, lorsque Marinette Pichon, soulève la question du manque d’équité entre le soutien accordé au football masculin et au football féminin. Alors qu’elle rentre victorieusement dans le vestiaire et referme la porte derrière elle, un regard caméra suivi d’un léger hochement de tête invite le public à prendre les choses en main et à faire sa part pour changer la situation. C’est un vibrant plaidoyer en faveur du changement, qui encourage chacun à jouer un rôle actif dans sa réalisation.
Le football, un refuge
Le film explore le parcours personnel et sportif de Marinette Pichon, qui voue un amour inconditionnel au football. Pour elle, ce sport est devenu un véritable sanctuaire, un endroit où elle se sent à sa place et où elle peut se développer et s’épanouir. C’est aussi un moyen pour elle de canaliser ses frustrations vers quelque chose de positif. Dès son plus jeune âge, Marinette a fait preuve d’une passion sans limite pour le football. Malgré un père négligent, violent et alcoolique, sa mère la soutient et l’encourage à persévérer dans le sport. Petit à petit, elle se fraye une place dans une équipe junior mixte, rivalisant et surpassant ses coéquipiers masculins sur le terrain et dans la cour de récréation. Son talent et sa puissance de frappe lui permettent d’intégrer l’équipe nationale à l’âge de 18 ans, marquant régulièrement des buts décisifs tout au long de sa carrière.
En 2005, elle signe son premier contrat professionnel avec le club américain de football féminin Philadelphia Charge, transformant sa vie et lui offrant une expérience sportive sans précédent. Ce contrat lui offre un salaire confortable, ainsi qu’un logement pour elle et sa mère, ce qui leur permet d’échapper à la grisaille de leur vie familiale en France et d’écrire un nouveau chapitre. Dans un hommage cinématographique au film «Rocky Balboa» (2006) de Sylvester Stallone, la réalisatrice recrée l’apogée de l’entraînement du boxeur underdog en haut des marches du Philadelphia Museum of Art. Mais cette fois-ci, c’est au tour de l’attaquante française d’atteindre de nouveaux sommets aux États-Unis et d’y prendre son envol.
Le sport, mais pas seulement
Parallèlement à l’histoire de la joueuse, magnifiquement interprétée par Garance Marillier, le film aborde de nombreux thèmes. Il dénonce notamment les inégalités persistantes dans le développement des athlètes en France, avec des pointes d’humour incisif. Il souligne par exemple la disparité entre les centres d’entraînement réservés aux garçons, situés dans le château principal, et ceux réservés aux filles, relégués dans les dépendances des écuries du domaine. La question des salaires est également abordée, illustrant le fait que les filles doivent compter chaque pièce de leur enveloppe de rémunération, alors que les garçons perçoivent des honoraires bien plus élevés.
En se contraignant à une discipline physique rigoureuse et en se surpassant en tant qu’athlète, Marinette développe sa force physique et mentale. Elle pourra ainsi soutenir sa sœur et sa mère en les aidant à faire face aux violences perpétrées par leur père. Ainsi, le film souligne également l’importance du sport comme moyen d’émancipation et de soutien pour les femmes, tout en abordant des questions cruciales telles que l’égalité et les violences domestiques.
Pour conclure : Basé sur l’autobiographie saisissante de Marinette Pichon «Ne jamais rien lâcher» (2018), le film parvient à éviter les représentations caricaturales en abordant des sujets forts et complexes. En effet, il s’attache à dépeindre fidèlement la vie de son héroïne, en évitant de dramatiser les événements et en proposant un portrait nuancé. Cependant, le premier demi-quart du film laisse apparaître une structure narrative maladroite, qui utilise des ellipses pour illustrer l’évolution de la joueuse. Certaines de ces ellipses ne permettent pas de distinguer clairement s’il s’agit en effet d’une ellipse ou d’un retour à l’histoire, tandis que d’autres auraient pu être davantage exploitées pour approfondir certains aspects du récit. Quoi qu’il en soit, le message du film est clair : il met en lumière le peu de soutien que reçoivent les athlètes, lesquelles doivent jongler entre un emploi alimentaire et des séances d’entraînement. L’égalité des chances reste au cœur de la réflexion en 2023. Comment attendre de ces athlètes brillantes qu’elles réalisent des exploits sportifs aussi remarquables que ceux de leurs homologues masculins, si elles ne bénéficient pas d’un soutien de la part de la Fédération Française de Football, les valorisant comme les professionnelles qu’elles sont ?