«C’est un bain de jouvence et de renaissance. Pour les personnages, pour les acteurs, pour les personnes, pour le récit. Un bain où je plonge moi aussi avec délice. Marcello Mio est une fantaisie, un film de maturité juvénile.» peut-on lire dans l’interview donnée par réalisateur breton qui figure dans le dossier de presse du film.
MARCELLO MIO
Le 15ème film de Christophe Honoré met en scène sa muse Chiara Mastroianni qui revêt le costume de son père pour mieux s'en rapprocher.
MARCELLO MIO | Synopsis
C’est l’histoire d’une femme qui s’appelle Chiara. Elle est actrice, elle est la fille de Marcello Mastroianni et Catherine Deneuve et le temps d’un été, chahutée dans sa propre vie, elle se raconte qu’elle devrait plutôt vivre la vie de son père. Elle s’habille désormais comme lui, parle comme lui, respire comme lui et elle le fait avec une telle force qu’autour d’elle, les autres finissent par y croire et se mettent à l’appeler «Marcello».
MARCELLO MIO | Autres Avis
«Sensuelle et complice, la mise en scène accompagne ces corps bien-aimés dans ce dédale, hommage au septième art dans lequel il est si doux de se perdre.» – L’Obs | «Le film est tout sauf muséal. Il respire au contraire la beauté de la cinéphilie vivante et l’intelligence malicieuse de Christophe Honoré. Et célèbre pour leur huitième collaboration le talent inouï de Chiara Mastroianni, immense dans ce rôle fusionnel et dans cet hommage fétichiste autant que voluptueux à l’immortalité du septième art.» – La Septième Obsession | «Christophe Honoré nous réchauffe le cœur et nous donne de l’élan avec cette fantaisie aussi drôle que poétique.» – Télérama
Christophe Honoré | Filmographie
2024 MARCELLO MIO
2022 LE LYCÉEN
2021 GUERMANTES
2019 CHAMBRE 212
2018 PLAIRE AIMER ET COURIR VITE
2016 LES MALHEURS DE SOPHIE
2024 MÉTAMORPHOSES
2011 LES BIEN-AIMÉS
2010 HOMME AU BAIN
2009 NON MA FILLE TU N’IRAS PAS DANSER
2008 LA BELLE PERSONNE
2007 LES CHANSONS D’AMOUR
2006 DANS PARIS
2004 MA MÈRE
2002 17 FOIS CÉCILE CASSARD
Critique de Djamila Zünd
« Moi, ça me va très bien de disparaître »
Cette réplique tirée de MARCELLO MIO révèle sans détour le thème sous-jacent du film : la facilité de fuir ses propres démons plutôt que de les affronter. Chiara Mastroianni, loin d’être éclipsée « dans la vraie vie » par ses célébrissimes géniteurs, Marcello Mastroianni et Catherine Deneuve, incarne dans le dernier opus de Christophe Honoré un personnage éponyme, bien éloigné de sa réalité. Cette fantaisie-comique cache une lutte identitaire acharnée, une quête incessante de réinvention malgré le fardeau du chagrin et du deuil précoce, exacerbé par les incessantes comparaisons avec son père. Christophe Honoré explore subtilement les frontières floues entre réalité et jeu, proposant un récit qui sonde sans relâche la limite entre vie et fiction, personne et personnage.
Réminiscences cinéphiles : de la fontaine de Trevi aux costumes et aux décors de studio
Dans ce film, Chiara suit les pas de son père et se retrouve confrontée à une situation qui rappelle indéniablement une scène d’INTERVISTA (1987) de Federico Fellini. Marcello Mastroianni y partage l’écran avec Anita Ekberg, tous deux dans leurs propres rôles, revivant après le triomphe de LA DOLCE VITA (1960) leur alchimie à l’écran, regardant ensemble leur jeu dans la mythique fontaine de Trevi.
Cependant, MARCELLO MIO dépasse cette simple nostalgie en exposant les répercussions de la sacralisation de l’imagerie cinématographique de son père, désormais parfois sujette à la dérision. Dans la scène d’ouverture, Chiara incarne une version alternative d’Anita Ekberg, accablée par le tournage et tourmentée par ses propres incertitudes. Plus tard, elle défie la loi en plongeant dans la fontaine de Trevi, arborant cette fois-ci la confiance et les traits de son père dans DIVORCE À L’ITALIENNE (1961) de Pietro Germi. La police italienne intervient alors, la mêlant à la cohorte de cinéphiles et de nostalgiques qui, pendant leurs vacances, perturbent l’ordre public de manière similaire.
Le film offre une plongée fascinante dans l’héritage cinématographique d’un père, révélant des moments de silence et de réflexion. En tant qu’actrice, la fille traverse les mêmes tumultes émotionnels que son père, les rapprochant naturellement des défis de leur métier. Une preuve poignante de cette connexion se trouve dans une scène où le visage de Chiara se confond avec celui de son père, ici encore une référence, car l’expression du visage est tirée du film de Fellini, 8 ½ (1963). Mais au-delà de ces hommages, le film offre également un regard critique sur l’industrie cinématographique et télévisuelle italienne, rappelant subtilement GINGER ET FRED (1986), où la légèreté des plateaux TV dissimule en réalité une mise à nu et de démasquement.
Fusion des perceptions : Réconcilier le ressenti interne et la projection externe
MARCELLO MIO plonge ainsi dans les tréfonds de l’intimité, explorant la quête de l’identité et de l’harmonie entre le monde intérieur et l’apparence extérieure. Il souligne l’importance d’un cercle social bienveillant pour accélérer ce processus de réconciliation et de croissance personnelle. Fabrice Luchini, brillant dans son rôle de médiateur, parvient lui-même à faire la paix avec le fait qu’il n’a jamais eu l’opportunité de jouer avec Mastroianni père, démontrant ainsi les bienfaits de suivre parfois le cours des événements. Malgré les jugements extérieurs auxquels Chiara est confrontée, notamment lorsqu’elle adopte l’apparence de son père, le film invite à réfléchir sur la manière dont la société pourrait mieux accompagner et accepter ceux qui cherchent cette paix intérieure.
Mot de la fin
Ce film est un véritable festin pour les cinéphiles, regorgeant de références qui éveillera le désir irrépressible de revisiter les classiques du cinéma. Cependant, il transcende cette simple fonction. Il se révèle être une authentique catharsis pour toute personne encore en proie à l’influence de ses parents ou à toute autre source de conflit intérieur, offrant un reflet dans lequel elles peuvent se reconnaître et puiser du réconfort. Sous la direction de Honoré, ce récit intimiste respire une complicité palpable entre le réalisateur et Chiara Mastroianni, donnant à l’écran une profondeur émotionnelle saisissante.