Au départ, Shiori Ito voulait devenir journaliste pour parler des autres. Puis elle est devenue elle-même une histoire. Dans son film très personnel BLACK BOX DIARIES, la cinéaste japonaise documente l’enquête sur l’agression sexuelle dont elle a été victime et son combat courageux pour traduire l’auteur en justice. La quête de justice de Shiori a fait d’elle une icône du mouvement #MeToo au Japon.
BLACK BOX DIARIES
Documentaire sur la femme qui a rendu son cas public au Japon et qui a ainsi initié le mouvement japonais #MeToo.
BLACK BOX DIARIES | SYNOPSIS
Au Japon, porter plainte pour agression sexuelle est synonyme de mise en péril, d’autant plus quand l’agresseur est un journaliste connu, proche de l’ex-premier ministre Shinzo Abe. Shiori Itō a pourtant pris le risque de parler à visage découvert. Face à l’indifférence de la société japonaise et aux failles de son système judiciaire, elle n’a eu d’autre choix que de mener l’enquête sur sa propre affaire, pour obtenir justice et découvrir la vérité.
BLACK BOX DIARIES | AUTRES AVIS
«Une découverte ! Le film reflète les rêves et les déceptions, les soucis et les succès de toute une génération». – Screen Daily | «Shiori Ito a changé le monde. Et BLACK BOX DIARIES est un monument à sa détermination et à son sacrifice, ainsi que l’un des meilleurs documentaires que vous verrez tout au long de l’année». – Rolling Stone | «Ito n’est pas seulement une protagoniste captivante et sympathique, c’est aussi une cinéaste vraiment créative et intuitive qui conçoit BLACK BOX DIARIES avec un sens aigu de l’accélération et de la distorsion du temps – nous ressentons les jours difficiles lorsqu’elle est au plus bas, ainsi que son énergie et sa motivation lorsque le vent tourne en sa faveur.» – Variety
Critique de Doris Senn
Les images sombres des caméras de l’hôtel devant l’entrée et dans le hall montrent ce que le chauffeur de taxi se rappelle de cette nuit-là : son passager, un homme bedonnant, traîne une femme frêle qui tient à peine sur ses pieds, du taxi à l’hôtel. Nous voyons ce que la journaliste japonaise Shiori Ito met en accusation dans son documentaire autobiographique : droguée par son patron lors d’une rencontre annoncée comme une « réunion », il enlève la jeune femme et l’emmène dans un hôtel où il la viole sauvagement. Ito parvient à s’enfuir, mais la police refuse d’abord d’enregistrer sa plainte, puis la rejette. Lorsqu’un mandat d’arrêt est finalement émis, celui-ci est étonnamment suspendu au moment de son exécution. Que s’est-il passé ?
Le b.a.-ba de l’inversion coupable-victime
BLACK BOX DIARIES décrit, dans un « film-journal » engageant qui s’étend sur environ six ans, non seulement les événements, mais aussi la justice corrompue, la collusion des hommes et les ramifications derrière lesquelles le coupable, le journaliste politique Yamaguchi, peut parfaitement se cacher. Il dispose d’un bon réseau dans les hautes sphères de la police et de la politique. Il est notamment très ami avec le Premier ministre Shinzo Abe, dont il a publié la biographie. Lorsque Shiori Ito se heurte à l’appareil judiciaire et veut rendre les choses publiques, même sa famille le déconseille – par peur des conséquences. Mais Ito s’obstine : si elle porte les choses devant la justice, elle ne pourra pas les faire taire. Sa première conférence de presse est passée sous silence par les médias. Les rares personnes qui en parlent se concentrent sur des remarques pointues concernant son apparence. Le public se déverse en malveillance et en accusations personnelles.
Drame politique avec des images authentiques
Shiori Ito a étudié le journalisme et la photographie à New York. Dans son documentaire, elle trouve non seulement des images pour son histoire tragique, mais elle parvient également à les composer avec brio. Sans effets de manche, avec de nombreuses prises de vue et/ou de son authentiques, en plus des prises de vue extérieures des rues de Tokyo ou des façades lisses des bâtiments officiels, Ito fixe l’évolution des choses dans ses déclarations personnelles. De manière passionnante, elle dévoile, à travers son expérience, les liens entre le pouvoir, les médias et le patriarcat au Japon. Les crises post-traumatiques qui ont marqué sa vie sont également abordées et montrent qu’il faut franchir une étape après l’autre pour surmonter un traumatisme.
Conclusion : BLACK BOX DIARIES est un résumé documentaire brillamment raconté et très captivant des événements qui ont entouré le viol de Shiori Ito. Les conditions politiques et sociales scandaleuses qui, en cas de délits sexuels, préfèrent faire des femmes des victimes silencieuses et encore plus des coupables, apparaissent au grand jour. La cinéaste n’a pas seulement fait preuve d’un courage incroyable en tant qu’être humain, elle a aussi remarquablement transposé son histoire au cinéma.