Giulia Tonelli, danseuse soliste à l’Opéra de Zurich, revient de son congé de maternité. Pas à pas, elle trouve l’équilibre entre le monde compétitif et exigeant d’une compagnie de ballet d’élite et sa nouvelle vie de famille.
BECOMING GIULIA - DEVENIR GIULIA
DEVENIR GIULIA | Synopsis
Giulia Tonelli, danseuse soliste à l’Opéra de Zurich, revient de son congé de maternité. Pas à pas, elle trouve l’équilibre entre le monde compétitif et exigeant d’une compagnie de ballet d’élite et sa nouvelle vie de famille. De 2019 à 2021, le film plonge dans le microcosme du grand opéra et porte un regard intime et engagé sur le parcours d’une femme qui se réapproprie son corps, et donc soi-même, pour remonter sur scène.
Critique
Par Madeleine Hirsiger
Beaucoup d’enfants qui suivent des cours de ballet rêvent de devenir un jour une prima ballerina – ou du moins de pouvoir danser dans une compagnie. Rares sont ceux qui y parviennent. Même ceux qui ne pratiquent pas la danse classique savent que c’est une école extrêmement difficile avant d’arriver à quelque chose. Et le fait que les conditions d’entraînement des jeunes dans le sport de haut niveau peuvent être humiliantes et inhumaines, allant jusqu’à l’abus, a été mis en évidence à plusieurs reprises ces derniers temps. Mais les carrières réussies existent bel et bien. Dans le documentaire DEVENIR GIULIA, la Suissesse Laura Kaehr, 45 ans, nous fait découvrir avec sensibilité la danseuse soliste Giulia Tonelli, une Italienne qui tient le rôle principal dans de nombreuses chorégraphies à l’Opéra de Zurich. Giulia a donné naissance à un fils et revient à l’Opéra après une interruption de plusieurs mois. L’entraînement est impitoyable, le corps doit à nouveau danser. Elle souffre beaucoup. Son enfant lui donne beaucoup, dit-elle, la rend forte, émotionnellement aussi, mais il lui a manqué sa propre identité pendant cette période : elle doit danser.
Deux mondes se rencontrent
On voit Giulia à la maison : plier les vêtements d’enfant, faire la cuisine, le ménage, jouer avec son petit garçon – une femme au foyer. Une femme au foyer ? Oui, aussi. Mais bien plus une danseuse solo qui veut tout concilier et qui y parvient, avec l’aide de son mari qui la soutient et de ses parents italiens qui la soulagent régulièrement. Mais il y a aussi un dilemme. Celui qui vient de l’extérieur, qui veut lui dire qu’on ne peut pas faire les deux, qu’il faut se décider. Elle s’est décidée et fait des choses extraordinaires pour cela : concilier famille et travail. Et il y a cette pression subtile de ceux qui ont leur mot à dire dans le ballet. Sa disponibilité est testée, on veut s’assurer qu’elle peut tout assumer. Car Giulia Tonelli a parfois le rôle principal dans trois productions différentes : par exemple dans “Roméo et Juliette” ou dans le “Requiem” de Verdi. Et c’est tout de même assez fatigant mais aussi stimulant.
Rien n’est sûr.
Puis vient le Covid et le changement annoncé du maître de ballet : Christian Spuck s’en va, Cathy Marston arrive. Les deux s’entendent d’emblée. Cathy Marston, mère de deux enfants, est connue pour ses travaux de conteuse. Les deux font les premières répétitions ensemble. Cela donne confiance à Giulia, qui commence peu à peu à voir les choses différemment, à flirter elle-même avec le travail chorégraphique. Car rien n’est sûr, chacun et chacune peut perdre son emploi du jour au lendemain.
Conclusion : La réalisatrice Laura Kaehr, elle-même danseuse de ballet et chorégraphe, a réussi avec DEVENIR GIULIA un film touchant et révélateur qui a remporté, non sans raison, le prix du public au Festival du film de Zurich. C’est la modestie et l’engagement de la danseuse qui impressionnent tout en laissant songeur.
Faire coïncider vie professionnelle et vie familiale. C’est le cœur de cette histoire, qui vaut pour toutes les femmes qui travaillent et ont des enfants à la maison. À voir absolument.