De passage à Genève pour présenter le film de Jean-Pierre Améris en avant-première, l’actrice et réalisatrice Valérie Lemercier a répondu à nos questions. Dans le film, elle partage l’affiche avec Gérard Darmon et campe Victoire, une groupie déjantée et mère peu rassurante. Elle nous confie sa timidité et également ses impressions sur son rôle et comment elle imagine son avenir dans le cinéma. Interview en vidéo
Valérie Lemercier | AIMONS-NOUS VIVANTS
- Publié le 15. avril 2025
Interview par Ondine Perier
Comment vous présenteriez-vous?
Je m’appelle Valérie Lemercier. Je suis née à Dieppe il y a longtemps. J’ai 87 ans depuis hier. Pas facile à vivre, mais j’ai bon moral. Je n’ai pas l’intention d’en finir, en tout cas pas demain. Je joue dans un film dont l’histoire se passe à Genève, qui s’appelle AIMONS-NOUS VIVANTS, où mon partenaire de jeu est Gérard Darmon et mes autres partenaires sont Patrick Timsit et Alice de Lencquesaing, qui joue ma fille. Je suis mère d’une grande fille pour la la première fois dans un film, grande au point de se marier.
Pouvez-vous nous décrire votre personnage victoire en trois adjectifs ?
Fantasque, mère peu rassurante et foncièrement optimiste.
Votre personnage, Victoire est effectivement extravagante et fantasque. Est-ce que comme elle, vous considérez que vous avez un petit grain de folie ?
Oui. J’aimerais bien ne pas en avoir, mais j’en ai un qui parfois me pèse et parfois m’allège. En tout cas, ça peut parfois vous donner de la liberté, puis parfois, ça vous emprisonne. Mais c’est ce que dit Marguerite Yourcenar «Écrire un autre personnage, cela vous donne des rallonges.» Je trouve que de jouer quelqu’un d’autre donne des rallonges et il est agréable de se glisser dans la peau d’une autre personne, cela vous repose de vous-même. On n’a plus la responsabilité de soi mais celle du personnage que l’on joue.
Vous incarnez cette Victoire à merveille. Le personnage vous va comme un gant, y a-t-il eu malgré tout une difficulté pour vous en emparer ?
Pas du tout. J’ai tout de suite aimé le personnage. J’ai tout de suite aimé comment il était écrit, ses dialogues. Souvent, quand on vous propose un rôle, il y a toujours des scènes qui vous embarrassent, des trucs gênants, des trucs qu’on n’oserait pas faire. Et là, pas du tout. Même si c’est quelqu’un de particulier, il n’y avait rien pour moi d’embarrassant à jouer. J’ai trouvé ça assez naturel.
Avez-déjà vécu des moments embarrassants tels que celui de la scène du dîner de mariage de la fille de Victoire où celle va aborder un sujet de manière trash auprès de beaux-parents bien plus conservateurs ?
Oui, pas plus tard qu’il y a cinq minutes ! Un journaliste m’a demandé de raconter une histoire drôle. J’en rougis encore. J’en ai trouvé une horrible. Quand j’y pense, j’ai honte, j’ai envie d’aller le rattraper, de lui demander de taire mon histoire. De temps en temps, on s’embarque dans un truc et on ne peut plus s’arrêter. On ne se rend pas compte que c’est gênant. Je suis quelqu’un de très timide. On croit que non, mais si. Et parfois, par timidité, on ose des trucs très bizarres.
On a du mal à vous imaginer timide notamment dans l’exercice de l’interview que vous pratiquez très bien.
C’est parce que je suis âgée, donc c’est l’habitude. Je ne vous dis pas que c’est simple de sortir de chez moi. Je me dis toujours que ça ne va pas aller. Je suis de ceux-là, ceux qui doutent.
Comprenez-vous cet état de groupie comme l’est votre personnage ? Avez déjà été fan absolue d’un.e artiste ?
J’ai demandé un autographe à Bruce Springsteen un jour, pas pour moi, pour un ami, je n’aurais pas osé si cela avait été pour moi. Je me suis fait virer par les gardes du corps. Puis finalement, il me l’a fait. J’ai osé, quand j’étais plus jeune, écrire une lettre à Agnès Jaoui après avoir vu LE GOÛT DES AUTRES. Pas du tout dans le but qu’elle me fasse travailler, juste pour dire combien son film avait changé ma vie. Donc, j’ose dire que j’admire mais demander un autographe, pas sûre que je le ferais.
Dans vos multiples projets, vous jonglez entre jeu, mise en scène, écriture, danse, chant ; y a-t-il une discipline qui vous demande plus d’efforts que les autres ?
Oui, l’écriture est le plus difficile pour moi. C’est le plus gratifiant mais le plus difficile, je pense, parce qu’on ne peut pas faire rire avec des recettes.‘ai demandé sur le dernier film que j’écrivais à l’IA de nous écrire une scène en ayant toutes les données du scénario et ce n’était vraiment pas drôle. N’est drôle finalement que ce qui relève de l’intime.
Le film se passe à Genève, en Suisse, est-ce que cela vous a plu de séjourner ici le temps du tournage ?
Oui, le fait que le film s’y passe m’a beaucoup plu ! Evidemment le scénario me plaisait, mais j’ai aimé que l’action se passe ici. C’est comme une parenthèse. pour moi. Il s’agit quand même tourner à l’étranger, même si on parle la même langue, même si on est très proches, mais c’est tout de même tourner dans un autre pays. Les affiches ici, elles sont comme ça, elles ne sont pas comme ça. C’est différent. Les gens sont différents, ils ne parlent pas de la même façon et tant mieux dans les magasins notamment. Et d’ailleurs, quand j’ai eu un jour off, je suis revenue faire un tour en ville. Je ne suis pas allée me promener dans la nature.
Comment envisagez-vous votre place, votre rapport au cinéma dans les années à venir ?
J’ai des projets, donc oui j’imagine encore réaliser des films, écrire. Il y a encore des gens dans la vie qui auront mon âge, même plus tard et comme il y a des vieux dans la vie, il y a des vieux dans les films. On peut encore jouer à tout âge.
Ecrivez-vous en ce moment ?
Oui, j’ai écrit un film que je vais réaliser après mon spectacle, qui partira sûrement en tournée et sera programmé je pense en Suisse romande.
Très bonne nouvelle, nous y serons ! Merci Valérie Lemercier !
Merci à vous !