Le genre de vie que nous devons mener est-il prédéterminé ? Sommes-nous livrés à notre destin ? Mehdi Sahebi, qui a lui-même fui l’Iran pour la Suisse dans les années 1980, nous ouvre dans son nouveau documentaire une perspective unique et crée une proximité émotionnelle remarquable avec les protagonistes.
PRISONNIERS DU DESTIN
Le film suit des réfugiés d'Afghanistan et d'Iran dans leur vie quotidienne en Suisse.
PRISONNIERS DU DESTIN | Synopsis
PRISONNIERS DU DESTIN suit plusieurs réfugiés afghans et iraniens qui ont tout mis en place et commencé une nouvelle vie après leur arrivée en Suisse. Le documentaire raconte l’expérience de ces personnes qui ont fui leur patrie et les défis auxquels elles sont confrontés après leur arrivée dans un pays étranger. Elles doivent surmonter non seulement la rigidité du système d’asile mais aussi leurs histoires personnelles, comme nous montre avec beaucoup de sensibilité le réalisateur Mehdi Sahebi (LES TEMPS DES ADIEUX). Dans les moments difficiles, les protagonistes se considèrent comme des prisonniers du destin, mais l’amitié, la solidarité et l’humour leur permettent de reprendre espoir.
Critique de Madeleine Hirsiger
Lorsqu’il s’agit de demandeurs d’asile, on nous livre surtout des chiffres et des statistiques – avec des indications sur les pays d’origine. Mais qui sont ces personnes, jeunes pour la plupart ? Comment ont-ils réussi à fuir, comment se sentent-ils dans un pays étranger ? Dans son documentaire, le cinéaste Mehdi Sahebi leur donne un visage et une voix – il essaie de regarder à l’intérieur d’eux. Dans PRISONNIERS DU DESTIN, il crée un espace pour leurs histoires traumatisantes.
Des expériences de fuite qui unissent
Nous sommes dans des chambres sommairement aménagées, nous participons à des discussions au cours desquelles ils parlent de leurs peurs, de leur mal du pays, de leur frustration face à l’attente interminable de la décision concernant leur demande d’asile et aussi de leur désespoir. Ils s’encouragent mutuellement, s’appellent à la patience, se donnent des conseils, se livrent à des critiques bien intentionnées. Ils sont prisonniers de leur destin, parfois depuis des années. C’est ce qui les unit. Le réalisateur Mehdi Sahebi travaille avec des images touchantes et marquantes. Il a lui-même fui l’Iran dans les années 80 et est aujourd’hui citoyen suisse.
La communauté de destin
Il commence son documentaire avec la jeune Sanam Husseini, dont le fils a été retenu à la frontière iranienne pendant sa fuite. Depuis un an, la famille se bat pour que le garçon de six ans puisse les rejoindre. Ou encore Mahmad, un déserteur qui a fait la guerre en Irak et qui demande aujourd’hui l’asile en Suisse sous de fausses indications, car il estimait que cela augmentait ses chances. Il est très désespéré et, après plusieurs refus, il ne voit pas d’autre solution que de retourner en Iran, ce qui s’avérera fatal. Aurait-il dû écouter ses amis demandeurs d’asile ? Ou Omid, 16 ans, qui est en Suisse depuis peu et qui donne un coup de main aux scouts. Le fait qu’il ne puisse pas être avec ses parents le rend profondément triste. Lui aussi pleure beaucoup par désespoir.
Sahebi montre le quotidien
La caméra de Mehdi Sahebi reste proche des protagonistes, de leurs visages. Il nous montre une certaine intimité entre les jeunes hommes : comment ils se serrent les coudes, discutent ouvertement de leur situation, cuisinent ensemble, s’assoient par terre et prennent leur repas dans leur assiette avec du pain, tracent des lignes de séparation dans leur assiette pour que l’un ne se serve pas trop. Et lorsqu’ils dansent sur leur musique aux paroles locales, il y a quelque chose de paisible, presque de tendre, ils sont tout à fait eux-mêmes et oublient pour un moment leur désespoir.
Conclusion : PRISONNIERS DU DESTIN est un documentaire honnête et captivant sur des demandeurs d’asile qui, dans leur situation respective, doivent faire face à l’incertitude et à la désillusion, mais qui luttent toujours en espérant que le destin joue un jour en leur faveur.