À l’occasion de RAPACES, thriller au cœur d’une rédaction de journal de faits divers, rencontre croisée avec sa tête d’affiche Mallory Wanecque et son réalisateur Peter Dourountzis. Le film suit Ava, jeune stagiaire embarquée dans l’enquête d’un féminicide, aux côtés de son père journaliste. Ensemble, ils explorent les zones grises de la justice mais aussi celles de leurs propres liens familiaux. Porté par une mise en scène nerveuse et une approche réaliste du fait divers, RAPACES fait mouche.
PETER DOUROUNTZIS ET MALLORY WANECQUE | RAPACES
- Publié le 2. juillet 2025
Interview croisée du réalisateur et de l'actrice de RAPACES, thriller tendu qui mêle drame intime et enquête journalistique.
RAPACES | SYNOPSIS
Samuel (Sami Bouajila), journaliste d’investigation chevronné, et Ava (Mallory Wanecque), sa fille et stagiaire, sont chargés de couvrir pour leur magazine le meurtre d’une jeune femme. D’abord simple observatrice, Ava se laisse happer par l’enquête, jusqu’à franchir les limites de son rôle.
INTERVIEW du réalisateur Peter Douroutznis par Ondine Perier
En résumé, quel est le pitch de RAPACES ?
RAPACES est un thriller sur l’équipe du journal Détective, spécialisée dans le fait divers. Cette fois, ils enquêtent sur un féminicide, un sujet banal pour eux, mais qui va s’embraser.
D’où t’est venue cette idée originale pour ce film ?
Je suis un très grand fan du cinéma américain des années 70 : LES HOMMES DU PRÉSIDENT de Pakula, CONVERSATION SECRÈTE de Coppola, etc.. Ces films m’ont bien sûr inspiré. Concernant le magazine Détective : il existe depuis un siècle et a été fondé par Simenon, Mauriac, Londres… ; ce qui donne un héritage littéraire puissant à ce qu’on considère aujourd’hui souvent comme un média racoleur. Le film revisite aussi ce contraste.
Les journalistes de cette presse jouent‑ils un vrai rôle d’enquêteurs ?
Oui : ils suivent leur instinct, croisent des éléments, parfois au risque de se tromper. L’intérêt pour moi dans ce film n’était pas de complexifier l’enquête avec fausses pistes, je n’aime pas trop cela…mais de renforcer la tension et l’immersion dans le quotidien des personnages.
Comment s’est passé le tournage de la scène cruciale du restaurant, véritable plongée en apnée de haute tension ?
Un morceau de bravoure de 15 minutes, tourné en quatre jours – impossible de faire plus court, avec une exigence de découpage, d’angles et d’un point de vue empathique : Samy Bouhajila est central, Ava est de dos, elle ne voit rien.
Tu as travaillé de nombreuses années au sein du SAMU social, en as-tu tiré des expériences qui t’inspirent dans tes films ?
Effectivement, j’ai travaillé 15 ans au SAMU Social ; j’ai utilisé cette matière pour mon film VAURIEN (2020), sélectionné à Cannes. L’expérience m’a permis de développer ma démarche créative, même sans réseau.
Comment as‑tu construit le casting de RAPACES qui est au diapason, de Sami Bouajilia à Stefan Crépon ?
J’ai écrit les personnages en pensant à Jean‑Pierre Darroussin (le proche collègue de Samy) et à Samy Bouhajila. Le reste du casting a été un assemblage réfléchi, comme un puzzle. Je trouvais interessant de diriger des acteurs que le public n’avait pas encore vu ensemble.
Concernant la thématique du féminicide : était-ce un choix important pour toi ?
Oui ,les faits divers révèlent trop souvent que les victimes sont des femmes tuées par leur conjoint, en tout cas par un homme. J’ai voulu nommer cette réalité sans détour.
Le lien père‑fille est central dans l’histoire, cela te tenait à cœur également ?
Très : à l’origine, ils étaient collègues. J’ai ajouté la filiation tardivement pour renforcer l’intimité et donner un enjeu affectif puissant, notamment à la séquence du restaurant.
Merci Peter, peux-tu nous donner adjectifs pour donner envie au lecteurs.trices de se rendre en salles voir RAPACES ?
Mon souhait pour RAPACES serait qu’il soit divertissant, impactant, sincère.
INTERVIEW Mallory Wanecque (Ava dans RAPACES) par Ondine Perier
Peux-tu nous parler d’Ava ?
C’est une stagiaire au magazine Détective, où elle accompagne son père et découvre une passion pour l’enquête. Ils s’intéressent à un féminicide réel de 2022 – une belle intrigue s’ensuit. Je qualifierai Ava de jeune femme observatrice, intelligente et tête brûlée.
Comment s’est passée ta préparation du rôle
Pas très lourde : quelques lectures avec Peter (le réalisateur), Samy Bouajila et Jean‑Pierre Darroussin. Le scénario était déjà solide, donc il n’y a pas eu de réécriture majeure, juste des répétitions.
Qu’est‑ce qui t’a attirée dans ce rôle ?
La tension père‑fille : Ava veut se rapprocher de son père, qui a choisi son boulot au détriment de sa famille. Le scénario explore joliment la transformation d’une jeune fille en femme, avec pudeur, tensions et ambiguïtés dans les relations masculines.
Était‑ce un rôle émotionnellement différent de ceux précédents ?
Oui : c’est la première fois qu’on me confie une jeune femme de 22 ans, avec des émotions très retenues, minimalistes. Interpréter cette évolution m’a fait sortir de ma zone de confort, sous la direction bienveillante de Peter.
Ressens‑tu une bienveillance due en partie à l’époque post‑#MeToo sur les tournages ?
Absolument : j’ai rencontré des équipes respectueuses, avec coachs d’intimité, référents harcèlement – je me suis toujours sentie en sécurité.
As‑tu un réseau dans le cinéma proche de celui familial ?
Oui : j’ai noué des liens forts avec les réalisatrices mon premier film LES PIRES : Lise Akoka et Romane Gueret ainsi que Marlène Serour, la directrice de casting qui m’a repérée pour ce film. Elles m’ont accueillie à Paris quand je débutais et je les considère vraiment comme ma famille.
Quels registres aimerais‑tu explorer par la suite ?
J’aimerais jouer des rôles très variés (chevalière, femme forte, artiste…) et me lancer à l’international – j’entame des cours d’anglais dès septembre et vais passer mes premiers castings étrangers.