Ce documentaire a été élu meilleur documentaire à la Berlinale 2024 et a reçu le prix du public à Visions du Réel. Il a été tourné par quatre activistes israélo-palestiniens en tant que collectif : le cinéaste Basel, qui documente depuis son enfance l’occupation et la destruction de son village en Cisjordanie, est soutenu dans son engagement par Yuval, un jeune journaliste israélien.
NO OTHER LAND
NO OTHER LAND | SYNOPSIS
NO OTHER LAND est réalisé par un collectif de quatre activistes palestino-israélien·nes. Alors que Basel documente depuis son enfance l’occupation et la destruction de son village en Cisjordanie, il est rejoint dans son combat par Yuval, jeune journaliste israélien. Pendant 5 ans, ces deux camarades s’engagent à élever la voix d’un village et ses habitant·es confronté·es à des épisodes de violences récurrents et quotidiens. De cette alliance improbable, naît un film coup de poing qui sonne comme un appel non violent pour plus de justice et d’égalité.
NO OTHER LAND | AUTRES AVIS
«Une protestation sincère et bouleversante contre l’occupation israélienne de la Cisjordanie». – Variety | «Le témoignage est la défense la plus efficace que les gens ont contre l’occupation, et l’armée israélienne, comme tous les voleurs, devient faible lorsqu’elle est observée. Le matériel filmé existe, et il a rarement été rassemblé sous une forme plus concise, plus puissante et plus dévastatrice qu’ici». – IndieWire | «Le travail cinématographique du collectif montre à quoi peut ressembler une confrontation commune, dont on discute actuellement surtout en termes d’amis et d’ennemis. Dans NO OTHER LAND, il ne s’agit pas d’agiter un programme politique particulier, mais de parler de la capacité d’action, de la résistance et du petit espoir que les images peuvent éveiller». – akweb.de
Critique de Doris Senn
Difficile à regarder
Le film aborde le conflit israélo-palestinien, les injustices criantes, les violences quotidiennes envers des civils, la résistance non violente et la négation des droits humains fondamentaux. Au cœur du récit, deux activistes : Basel Adra, un Palestinien qui lutte pour la survie de sa famille et des villages autochtones palestiniens, tout en documentant les abus de l’armée israélienne et des colons ; et Yuval Abraham, un journaliste juif qui dénonce les expulsions et les attaques.
Injustice flagrante
La longue colonne de bulldozers, de chars et de véhicules militaires serpentant dans les collines de Masafer Yatta, en Cisjordanie, illustre l’ampleur du drame. Cette terre ancestrale, déclarée arbitrairement zone d’entraînement militaire par Israël, fait l’objet d’une politique de destruction systématique : écoles démolies, puits bouchés, conduites d’eau sectionnées, tours électriques abattues, maisons détruites, ainsi que des installations agricoles. Les images, brutes et souvent tournées au téléphone ou à la caméra, montrent aussi des manifestants moqués, arrêtés ou brutalement dispersés. Ce film, co-réalisé par Basel Adra et Yuval Abraham avec Hamdan Ballal et Rachel Szor, documente les récentes années de cette expulsion progressive – voire d’une tentative d’effacement autorisé – du peuple palestinien dans le sud de la Cisjordanie. Achevé en octobre 2023, avant le massacre du Hamas, le film y fait référence dans un court épilogue.
Espoir et résilience malgré tout
Ce qui rend No Other Land particulièrement marquant, c’est la ténacité des communautés palestiniennes et leur volonté de survivre dans leur terre natale. Le film met en lumière des moments de vie simples et poignants : des enfants jouant insouciants, des parents essayant de préserver leur innocence, ou des hommes se réunissant autour d’un feu pour partager un bref instant de camaraderie. Le film n’est pas seulement un témoignage, mais aussi un appel à l’humanité, à la réconciliation et à la coexistence pacifique.
Conclusion
Récompensé par de nombreux prix prestigieux, NO OTHER LAND explore un sujet brûlant de l’actualité mondiale, mêlant une dimension politique à l’histoire personnelle de Basel Adra. Ce dernier a repris le flambeau de son père, consacrant sa vie entière à la lutte pour la justice et la survie de sa communauté. Malgré les atrocités présentées, le film ouvre une fenêtre sur l’espoir, l’amitié et la solidarité. Il rappelle l’importance de maintenir un discours de paix et de justice, dans un contexte où toute critique envers les politiques israéliennes est trop souvent réduite à des accusations d’antisémitisme.