Le roman de Nicolas Mathieu, publié aux Editions Actes Sud avait reçu le Prix Goncourt en 2018. Le film a valu à Paul Kircher le Prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir masculin à la dernière Mostra de Venise. Avec LEURS ENFANTS APRÈS EUX, Ludovic et Zoran Boukherma dressent le portrait d’une France, où la fracture entre ouvriers et bourgeois est prégnante. Les jeunes réalisateurs frères jumeaux, se sont fait remarquer en 2021 avec une comédie horrifique TEDDY, un film de loups garous.
LEURS ENFANTS APRÈS EUX
Les frères Boukherma adaptent le livre éponyme de Nicolas Mathieu, dans une fresque sociale répartie sur quatre étés (1992, 1994, 1996, 1998).
LEURS ENFANTS APRÈS EUX | SYNOPSIS
Août 92. Une vallée perdue dans l’Est de la France, des hauts fourneaux qui ne brûlent plus. Anthony, quatorze ans, s’ennuie ferme. Un après-midi de canicule au bord du lac, il rencontre Stéphanie. Le coup de foudre est tel que le soir même, il emprunte secrètement la moto de son père pour se rendre à une soirée où il espère la retrouver. Lorsque le lendemain matin, il s’aperçoit que la moto a disparu, sa vie bascule.
LEURS ENFANTS APRÈS EUX | AVIS
«Jeunesse désœuvrée, affres du désir, fracture sociale… Les frères Boukherma adaptent avec justesse l’atmosphère émouvante du roman de Nicolas Mathieu, servi par le jeu brillant de Paul Kircher.» – Télérama | «Mêlant réalisme social et mythologie adolescente, romantisme et tragédie, Ludovic et Zoran Boukherma signent une emballante et fougueuse adaptation du roman de Nicolas Mathieu» – Cineuropa | «Si l’affaire fonctionne la plupart du temps, sans creux, ni temps mort, LEURS ENFANTS APRÈS EUX manque cruellement d’émotions.» – Paris Match
Critique d’Ondine Perier
Entre récit d’apprentissage, chronique sociale et drame familial, LEURS ENFANTS APRÈS EUX dresse le portrait d’une jeunesse qui s’ennuie dans une France en pleine mutation, tout en abordant des thèmes universels comme le déterminisme social, les premiers émois amoureux et les fractures sociales. En 1992, dans une vallée de l’Est marquée par la fermeture des hauts fourneaux, Anthony, quatorze ans, s’ennuie dans sa petite ville où tout semble à l’arrêt. Lors d’une chaude journée d’été au bord d’un lac, il rencontre Stéphanie, une adolescente d’un milieu plus aisé, et tombe immédiatement sous son charme. Obsédé par l’idée de la revoir, il emprunte en cachette la moto de son père pour se rendre à une fête. Mais au lendemain de cette nuit, Anthony découvre que la moto a disparu. Cet événement marque le début d’un bouleversement profond dans sa vie et dans celle de ses proches, sur fond de tensions sociales et familiales.
Un casting parfait pour des personnages complexes
Le film repose sur des performances exceptionnelles. Paul Kircher, solaire et empathique, incarne avec brio Anthony, un adolescent vulnérable et intrépide. Angelina Woerth, lumineuse et magnétique, prête une profondeur troublante à Stéphanie, déchirée entre ses aspirations bourgeoises et sa ville d’origine. Sayyid El Alami se distingue dans le rôle d’Hacine, antagoniste en apparence mais qui, comme le souligne un des frères Boukherma, partage en réalité bien des points communs avec Anthony. Gilles Lellouche, bouleversant en père cabossé par la vie et l’alcoolisme, et Ludivine Sagnier, mère âpre mais aimante, complètent ce tableau familial poignant.
Une mise en scène efficace et un style affirmé
Les frères Boukherma excellent dans la mise en scène, entre tension dramatique et légèreté. Les scènes cocasses, comme celle de la patinoire, apportent une fraîcheur salutaire au récit, tandis que les ellipses narratives et les transitions fluides permettent de suivre les quatre chapitres couvrant les six années de 92 à 98 sans jamais perdre le spectateur. La caméra capte avec précision les regards et les silences, révélant la complexité des personnages et leurs blessures intimes. La bande-son, résolument ancrée dans les années 90, accompagne parfaitement le récit. Chaque morceau semble choisi avec soin pour accentuer les émotions des personnages et plonger le spectateur dans cette époque.
Un récit universel et engagé
LEURS ENFANTS APRÈS EUX explore avec justesse le poids du déterminisme social, les ravages de l’alcoolisme, la solidarité et les rêves contrariés. Avec cette adaptation fougueuse, les frères Boukherma réussissent à capturer l’essence du roman tout en y apportant leur propre souffle cinématographique. Paul Kircher, lumineux et impressionnant, crève l’écran dans ce film touchant, rythmé et profondément humain. Une réussite incontestable.