Tourné entre avril et juin dernier, le film est emmené par un casting 5 étoiles : Vincent Macaigne, Julia Piaton, Abraham Webler, Zinedine Soualem, Cécile de France (que le cinéaste retrouve pour la 4e fois), Vassili Schneider, Paul Kircher, Suzanne Lindon, Sara Giraudeau et François Berléand. Le film se déroule sur plusieurs époques. Co-écrit par Cédric Klapisch et son complice de toujours Santiago Amigorena, LA VENUE DE L’AVENIR a été présenté en hors-compétition au Festival de Cannes 2025.
LA VENUE DE L'AVENIR
Le nouvel opus de Cédric Klapisch se présente comme un film chorale plein de charme sur la transmission, l'art et les liens du sang à travers le temps
LA VENUE DE L’AVENIR | SYNOPSIS
Aujourd’hui, en 2025, une trentaine de personnes issues d’une même famille apprennent qu’ils vont recevoir en héritage une maison abandonnée depuis des années. Quatre d’entre eux, Seb, Abdel, Céline et Guy sont chargés d’en faire l’état des lieux. Ces lointains “cousins” vont alors découvrir des trésors cachés dans cette vieille maison. Ils vont se retrouver sur les traces d’une mystérieuse Adèle qui a quitté sa Normandie natale, à 20 ans. Cette Adèle se retrouve à Paris en 1895, au moment où cette ville est en pleine révolution industrielle et culturelle. Pour les quatre cousins, ce voyage introspectif dans leur généalogie va leur faire découvrir ce moment si particulier de la fin du XIXe siècle où la photographie s’inventait et l’impressionnisme naissait. Ce face à face entre les deux époques 2025 et 1895 remettra en question leur présent et leurs idéaux et racontera le sens de : La venue de l’avenir.
LA VENUE DE L’AVENIR | AVIS
«Cédric Klapisch réussit un film rassembleur, divertissant, posant un regard distancié sur le milieu artistique de la fin du XIXe siècle.» – Le Monde | «En ces temps où le futur fait peur, Klapisch célèbre, lui, la notion d’avenir. Sans jamais rien asséner mais en mettant en lumière une bande de jeunes comédiens irrésistibles dont l’enthousiasme à les diriger pour la première fois crève l’écran. Avec comme figures de proue Suzanne Lindon et Abraham Wapler dans son premier grand rôle au cinéma.» – Première | «Un improbable quoique sympathique aller-retour familial entre le présent et la France des impressionnistes, porté par l’amour de l’art.» – Télérama
Critique de Djamila Zünd
Un musée comme miroir du présent
Avec LA VENUE DE L’AVENIR, Cédric Klapisch signe une fresque aussi ambitieuse que fragile, à la croisée des époques, des générations et des intentions. Dès le générique d’ouverture, splendide plongée dans la galerie Durand-Ruel, le ton est donné : à travers une séquence polyphonique dans un musée, le film capte un kaléidoscope de comportements contemporains (amateurs d’art sincères, consommateurs passifs, influenceurs en quête de contenu) pour interroger avec finesse notre rapport à l’image, à la culture, et à nous-mêmes. Ce premier tableau constitue à lui seul une métaphore du film entier : derrière les apparences soignées, que reste-t-il de l’héritage, de la transmission, de la substance ? Dans cette ouverture particulièrement réussie, le moi s’impose partout : le « moi face à l’œuvre », le « moi Instagrammable », le « moi collaborant avec une marque », jusqu’à éclipser l’art lui-même. Cette obsession du paraître et non du sentir, du vivre, devient un fil conducteur, un miroir tendu à notre époque.
Des archétypes pour montrer des vérités universelles ?
Sur le papier, le projet séduit : quatre cousins du présent se retrouvent embarqués malgré eux dans une aventure patrimoniale, qui les met en contact, au sens propre comme au figuré, avec leurs ancêtres à la Belle Époque. Klapisch dessine ses personnages à gros traits, assumant pleinement ses archétypes : le créateur de contenu en quête d’identité, (Abraham Wapler), la cadre stressée aspirant à l’amour (Julia Piaton), l’enseignant gardien de la langue française qui s’interroge sur son utilité (Zinedine Soualem), et l’écolo illuminé qui dénonce greenwashing et société de consommation portable vintage à la main (Vincent Macaigne). Tous sont campés avec un mélange d’humour et de sincérité, portés par un casting juste, même si parfois corseté par des dialogues trop scriptés ou trop orientés vers la « vanne ». Le regard du réalisateur sur les névroses contemporaines est tantôt tendre, tantôt moqueur, mais toujours ancré dans un quotidien que le spectateur est « sensé bien connaître ».
Une structure narrative ambitieuse
Le véritable pari du film réside cependant dans sa structure. Les allers-retours entre 2025 et le XIXe siècle sont menés avec une belle fluidité. Un battement de cils, et le présent laisse place au passé. Ce montage habile, combiné à trois années de repérages, permet à Klapisch de tisser des liens visuels et émotionnels entre les époques, tout en cherchant à explorer ce que signifie réellement l’héritage aujourd’hui. Il y a quelque chose de grisant à voir un même lieu vivre plusieurs vies, à voir les rues de Paris se transformer au gré des siècles, comme un palimpseste urbain. Des escaliers foulés par nos protagonistes au XIXe siècle, accueillant des joggeurs en tenue fluorescente au XXIe siècle.
Mais cette richesse formelle ne masque pas entièrement les faiblesses du récit. À force de vouloir faire vibrer les cordes sensibles (écologie, filiation, mémoire, amour, réseaux sociaux), le film se dilue. Certains thèmes sont écrasés, et l’émotion peine parfois à émerger du trop-plein de répliques. Même la bande-annonce, en dévoilant les principaux caméos (bonjour Victor Hugo, bonjour Claude Monet), sabote la surprise. Le surcasting (Cécile de France, François Berléand, Olivier Gourmet…) tourne à la démonstration, certains seconds rôles ne trouvent jamais leur place et le talent titanesque de la distribution principale ne s’épanouit jamais pleinement.
Conclusion : un charme imparfait mais sincère
Pourtant, malgré ses maladresses, le charme opère. La reconstitution de la Belle Époque, certes un Paris un peu trop propre, séduit. Paul Kircher, révélation dans LE RÈGNE ANIMAL, Suzanne Lindon, cœur battant du triangle amoureux certes prévisible, mais joué avec tendresse et Vassili Schneider, tout juste auréolé de son succès dans LE COMTE DE MONTE-CRISTO, donnent chair à une jeunesse d’hier qui résonne avec celle d’aujourd’hui. LA VENUE DE L’AVENIR est un film inégal, mais vivant. Le public en salle rit et s’émerveille des décors et des costumes. Ce film touche plus qu’il ne secoue, amuse plus qu’il n’interroge, mais ne laisse pas indifférent. Klapisch, fidèle à lui-même, propose un cinéma populaire, accessible, où l’émotion collective l’emporte sur la rigueur du propos. À condition d’y aller sans attentes démesurées et surtout sans avoir vu la bande-annonce, le voyage en vaut la peine !