« Il était une fois dans un grand bois une pauvre bûcheronne et un pauvre bûcheron », comme l’écrit Jean-Claude Grumberg dans le roman éponyme dont ce dessin animé est la délicate adaptation, narrée par Jean-Louis Trintignant, dans son dernier rôle. Michel Hazanavicius et son équipe d’artistes inspirés du 3.0 Studio – studio d’animation français basé à Angoulême et Paris – ne cessent de chercher la lumière dans l’horreur de la guerre.
LA PLUS PRÉCIEUSE DES MARCHANDISES
Le réalisateur Michel Hazanavicius livre son premier film d’animation, d'une beauté rare, qui se déroule en Pologne, en pleine Seconde Guerre mondiale
LA PLUS PRÉCIEUSE DES MARCHANDISES | SYNOPSIS
Il était une fois, dans un grand bois, un pauvre bûcheron et une pauvre bûcheronne. Le froid, la faim, la misère, et partout autour d´eux la guerre, leur rendaient la vie bien difficile. Un jour, pauvre bûcheronne recueille un bébé. Un bébé jeté d’un des nombreux trains qui traversent sans cesse leur bois. Protégée quoi qu’il en coûte, ce bébé, cette petite marchandise va bouleverser la vie de cette femme, de son mari, et de tous ceux qui vont croiser son destin, jusqu’à l’homme qui l’a jeté du train. Leur histoire va révéler le pire comme le meilleur du coeur des hommes.
LA PLUS PRÉCIEUSE DES MARCHANDISES | AUTRES AVIS
«Dans la forêt polonaise, un couple de bûcherons recueille un bébé, jeté d’un train de la mort dans l’espoir qu’il survive. Un film d’animation de Michel Hazanavicius, splendide et poétique, qui ne cesse de chercher la lumière au milieu de l’horreur.» – Télérama | «Ce long métrage d’animation digne et touchant est l’un des meilleurs films de Michel Hazanavicius, qui confirme l’étendue de son registre.» – àVoir-àLire | «En adaptant l’œuvre de Jean-Claude Grumberg, le réalisateur de THE ARTIST réussit ses débuts dans l’animation avec ce film sur les Justes et la Shoah.» – Première
Critique et extraits du Q&A avec Michel Hazanavicius, à Genève – par Ondine Perier
Michel Hazanavicius évoque son approche du film avec délicatesse et espoir. Il privilégie le tact pour transmettre la portée de l’histoire sans traumatiser. Il revendique son “pessimisme joyeux” et illustre avec un final vibrant : “À la fin, il faut faire de la musique et danser.” Une œuvre bouleversante entre ombre et lumière. En pleine guerre mondiale, un couple de bûcherons vit reclus dans la forêt. Un beau jour la femme découvre un bébé emmitouflé et abandonné. Cette petite fille changera le destin de chaque personne qui la croisera.
Une histoire d’humanité et de contrastes
À l’issue de la projection de LA PLUS PRÉCIEUSE DES MARCHANDISES au Scala à Genève, Michel Hazanavicius a livré des clés essentielles pour comprendre la profondeur de son film qui mêle l’horreur du génocide à une lueur d’espoir profondément humaine. «On est tous potentiellement victimes, bourreaux, mais aussi justes», a souligné le réalisateur. Ce choix de montrer ce que l’homme et la femme ont de pire, mais aussi de meilleur confère au film une portée universelle. À travers une esthétique soignée, Hazanavicius fait dialoguer la beauté visuelle et la noirceur du récit. L’un des spectateurs a d’ailleurs salué “la très grande beauté de la neige et de la lumière”, en contraste avec “l’horreur absolue de l’histoire”. Ce contraste puissant permet au film d’émouvoir et de marquer durablement, dans ses moments les plus douloureux comment dans ses scènes de joie.
Des voix d’exception pour une narration intemporelle
Le travail sur les voix a également été central pour Hazanavicius, notamment avec le regretté Jean-Louis Trintignant. “C’était un homme malade, déjà aveugle. Sa femme lui a lu le texte, et il l’a appris à l’oreille. Trintignant a prêté sa voix d’une manière si intense qu’à chaque réplique, on ressent un fantôme qui traverse la pièce.” Cette dimension presque spirituelle confère au film une profondeur rare, renforcée par une écriture classique et littéraire portée par des comédiens de théâtre (Dominique Blanc, Grégory Gadebois, Denis Podalydès). “Ils donnent une authenticité et une musicalité qui rendent les dialogues naturels sans avoir à les banaliser”, a précisé le réalisateur. Les gazouillis du bébé avec le couple de bûcherons feront fondre tout spectateur.trice.
Un hommage artistique et humain
Ce film est aussi un hommage à ceux qui ont traversé l’indicible. En racontant “l’histoire d’un survivant, d’un fantôme revenu du royaume des morts”, LA PLUS PRÉCIEUSE DES MARCHANDISES donne une voix à des récits oubliés, tout en célébrant la résilience et la bonté humaine en mettant en lumière des Justes. Hazanavicius résume cet engagement artistique et émotionnel par une ambition simple mais noble : “Transmettre un message d’humanité avec tact et délicatesse, comme le fait le conte, qui s’adresse aussi aux enfants.” Soulignons la musique du compositeur Alexandre Desplat qui sublime chacune des scènes.
Pour conclure, au-delà de son récit poignant, le film brille par son esthétique magistrale, son écriture soignée et ses choix artistiques judicieux, faisant de cette adaptation une œuvre rare et profondément marquante. Une célébration poignante de la résilience humaine et de l’amour dans l’adversité.