De passage au GIFF pour présenter leur film JOUER AVEC LE FEU, les deux jeunes acteurs Benjamin Voisin et Stefan Crepon ont répondu à nos questions. Dans ce film adapté du magnifique roman «Ce qu’il faut de nuit» de Laurent Petitmangin, ils incarnent deux frères jeunes adultes dont l’un va se rapprocher d’un groupuscule d’extrême droite et s’éloigner de ses proches. Extraits.
Interview Benjamin Voisin et Stefan Crepon | JOUER AVEC LE FEU
- Publié le 11. novembre 2024
«C'était évident et facile de jouer des frères : on se connaît par cœur donc on est quasiment frère dans la vie. On se fréquente depuis le collège.»
Par Ondine Perier
Vous êtes amis dans la vie, est ce que l’un a suggéré l’autre pour le casting ?
Non c’est un pur hasard.
Votre amitié a t-elle nourri votre fraternité palpable à l’écran ?
Oui, absolument. C’était évident et facile : on se connaît par cœur, donc on est quasiment frère dans la vie. On se fréquente depuis le collège, nous nous sommes rencontrés sur les bancs d’un bar de l’école. Et on s’est suivis jusqu’au Conservatoire où on s’est mis à plus se voir.
Benjamin, tu viens de ce milieu par le métier de ton père, qui est prof de théâtre et comédien de théâtre. Et toi, Stéphane ?
Non, personne ne fait ce genre de métier ma famille. C’est un prof de français, en sixième, parce que j’étais très, très turbulent, qui a conseillé à mes parents de m’inscrire au théâtre pour me canaliser. Ça ne m’a pas canalisé du tout au collège ni au lycée. Mais par contre, ça a été l’endroit où je me suis senti le plus libre et le plus vivant. Je ne pensais pas. Et donc d’un coup, c’est devenu ma cour de récré. J’y allais une fois par semaine au début, puis après deux fois, trois fois. Et c’était l’endroit où je préférais être.
Y a t-il une compétition positive dans votre métier ?
BV- Dans notre métier, peut-être plus, mais comme c’est partout, on ne peut pas s’en empêcher. Entre nous, je dirais qu’on se tire vers le haut. Mais même pour d’autres métiers les gens se comparent, c’est quand même assez ancré dans la nature humaine, je crois. Après, quand on a de l’ambition, oui, forcément.
SF – Mais c’est surtout travailler on y est ensemble, ce n’est pas que sur les projets, c’est même en amont. On s’aidait à travailler les castings. Au début, on sePuis on s’est mis à imaginer jouer dans un film, puis un autre. Puis dernièrement, on s’est dit : T’imagines si un jour, on arrive à jouer ensemble ? Et là, ça y est, on y est.
Appartenez vous à une bande d’acteurs.trices?
Oui qui ça s’appelle La piraterie : On est 10 comédiens comme un collectif, on se donne des choses à lire, on essaie de voir ce qu’on pourrait monter ensemble.
Y a-t-il eu des moments d’inconfort dans le film ?
Tout était joyeux sur le tournage, hormis les moments de tension comme celui d’arriver dans un stade et avoir juste à côté de soi des ultra radicalisés faire le salut nazi. Ça fait un petit choc.
Et les scènes où Benjamin tu es dans la confrontation quasi permanente avec Vincent Lindon ?
C’est hyper basique ce que je vais dire, mais c’était confort dans le sens où quand tu as les chaussons et que tu es en train de jouer, tu peux vite t’emmerder et tu peux vite te dire: Je ne suis pas au bon endroit. Là, quand tu es avec Vincent en face de lui, tu n’as pas envie que ça soit tout moelleux. C’était très bien que ça soit tendu. C’était très bien qu’il y ait cinq, six manières différentes de jouer la scène et qu’on ne prenne rien comme acquis et qu’on essaie d’avancer dans la permanence. Dès que ça a arrêté, c’est un peu la mort, surtout sur un film où on est quand même tout le temps dans la maison avec la famille, tu pourrais vite t’emmerder. C’est là où elles ont été très malignes les réalisatrices.
Quels messages souhaitez-vous que les spectateurs.trices retiennent de JOUER AVEC LE FEU ?
Que cela demande beaucoup de souplesse pour comprendre cette jeune génération qui évolue dans un progrès technique qui nous dépasse largement et qui nous rend tous différents les uns les autres. Ça peut être dans une folie furieuse ou en même temps dans un calme plat, par exemple mon cousin, il a 18 ans et n’a jamais embrassé personne, ce n’est pas normal. Alors qu’il n’est pas timide ni rien. C’est juste que le monde n’est plus pareil. J’ai 27 ans, je ne peux donner des leçons aux parents. Mais dans ce film nous étions entourés des deux réalisatrices de 50 ans et Vincent Lindon, qui ont 25 ans de plus que nous. Donc, je reprends leur mot, c’est de la souplesse dans la discussion, c’est d’aller vers l’autre au lieu d’être simplement dans une mission éducative parce que les parents ne comprennent pas eux-mêmes ce nouveau contexte.