Walter Salles a impressionné la Mostra avec son grand film politique sur la dictature brésilienne. L’histoire de Rubens Paiva est connue de tous les brésiliens mais Walter Salles, compagnon de route de la famille, a choisi d’adapter le livre de Marcelo, le seul fils de Rubens, paru en 2015 dans lequel il raconte le combat de sa mère incarnée par l’immense Fernanda Torres.
I'M STILL HERE (JE SUIS TOUJOURS LÀ)
Golden Globes de la meilleure actrice dans un film dramatique pour Fernanda Torres dans ce film politique très attendu de Walter Salles.
I’M STILL HERE (JE SUIS TOUJOURS LÀ) | SYNOPSIS
Brésil, 1971 : l’ancien député de gauche, Rubens Pavia, vit avec sa famille l’ambiance vibrante des années 70 à Rio de Janeiro. L’emprise de la dictature militaire fait partie de son quotidien. Un jour, Rubens est enlevé par des sbires – et disparaît. Sa famille ne sait pas où il se trouve – ni s’il est encore vivant. Eunice (Fernanda Torres), son épouse, tente de le retrouver et d’obtenir des informations sur ce qui est arrivé à son mari bien-aimé.
Le réalisateur Walter Salles raconte l’histoire vraie de la famille Pavia, chez qui il allait et venait lorsqu’il était enfant, de manière touchante et avec des images magnifiques. Son film profondément humaniste est une déclaration d’amour au Brésil démocratique, qui s’incline devant ceux qui ont lutté contre l’injustice.
Cinéaste brésilien, Walter Salles est né à Rio de Janeiro le 12 avril 1956. Réalisateur de documentaires et de films de fiction, son travail est centré autour des thèmes du déplacement et de la quête d’identité. SOCORRO NOBRE gagne le Fipa d’Or en 1996. Ce documentaire inspire le scénario de CENTRAL DO BRASIL, qui remporte l’Ours d’Or au Festival de Berlin en 1998 et d’autres nombreux prix. AVRIL BRISÉ, inspiré du roman de l’écrivain Ismail Kadaré, remporte le prix du jeune public au festival de Venise et est nominé par l’Académie Britannique de cinéma et par le Golden Globe pour le prix du Meilleur Film Etranger. Walter Salles signe ensuite CARNETS DE VOYAGE (2004), DARK WATER (2005). Il collabore en 2009 avec sa partenaire de longue date, Daniela Thomas : ils signent ensemble la réalisation d’UNE FAMILLE BRÉSILIENNE, drame poignant sur le portrait d’une famille qui tente de se réinventer au sein d’un contexte social délicat (Sao Paulo, fourmilière impitoyable). Deux ans plus tard, Walter Salles retrouve la croisette avec SUR LA ROUTE, un road movie adapté du roman homonyme de Jack Kerouac, présenté en compétition officielle à la 65e édition du fameux Festival.
Critique d’Ondine Perier
Walter Salles revient avec I’M STILL HERE, œuvre poignante inspirée de faits réels. Ce film retrace le combat d’Eunice Pavia, incarnée avec une intensité remarquable par Fernanda Torres, pour rétablir la vérité sur la disparition de son mari, Rubens Pavia, ancien député brésilien. L’histoire s’inscrit dans le contexte sombre de la dictature militaire brésilienne, mêlant drame familial, résilience et quête de justice.
Une fresque familiale et politique
I’M STILL HERE explore avec émotion le quotidien des Pavia, une famille heureuse et moderne. Grâce à des images d’archives, des scènes tournées au caméscope et des reconstitutions minutieuses, le film nous plonge dans les années 70. Ces choix esthétiques donnent une authenticité palpable au récit. La spacieuse maison des Pavia à Rio de Janeiro résonne de souvenirs, de photos et de vidéos, témoignant de leur unité et de leur amour, jusqu’à ce que l’arrestation brutale de Rubens vienne tout bouleverser. Le film met en avant la place centrale de la famille et des liens sociaux dans la survie psychologique face à l’injustice. Les cinq enfants Pavia, chacun avec une personnalité attachante, symbolisent l’espoir et la force d’une mère courage. La gouvernante, figure discrète mais essentielle, incarne le soutien chaleureux qui aide Eunice à affronter les épreuves. Walter Salles dépeint avec finesse les répercussions de la disparition de Rubens sur ses proches, ébranlant leur quotidien tout en renforçant leur solidarité.
Le portrait d’une femme d’exception
Fernanda Torres livre une performance magistrale en Eunice Pavia, femme déterminée à ne pas laisser les injustices de la dictature effacer la mémoire de son époux. Les scènes de torture psychologique, tournées avec sobriété, montrent l’oppression qu’elle subit en détention, mais aussi sa force de résilience. Loin de se résoudre à la douleur, elle choisit de reprendre des études de droit à plus de 45 ans pour devenir une figure de défense des droits des autochtones, collaborant avec des organisations comme l’ONU. Le film, par son écriture et sa mise en scène, magnifie le parcours d’Eunice sans sombrer dans le pathos. La sobriété de son jeu — épousant une ressemblance frappante avec le personnage réel — lui a valu un Golden Globe bien mérité. Eunice Pavia devient, sous la direction de Walter Salles, un symbole universel de courage et de détermination.
Conclusion
I’M STILL HERE est une œuvre majeure de Walter Salles, réconciliant petite et grande histoire dans une fresque intime et universelle. Ce film nous transporte dans un Brésil à la fois lumineux et sombre, où la famille, l’amour et la résilience triomphent de l’adversité. Avec une mise en scène soignée, un casting éblouissant et un message d’espoir, il s’impose comme une ode à la persévérance et à la justice. En sortant de la salle, on est ému, inspiré et reconnaissant envers ceux qui, comme Eunice, luttent pour la vérité.
I’M STILL HERE (JE SUIS TOUJOURS LÀ) | AUTRES AVIS
«Walter Salles raconte la tragédie de l’Histoire brésilienne à hauteur d’homme, sans jamais perdre de vue ni son style ni la beauté de ses personnages.» – Première | «Une page noire de l’histoire du Brésil reconstituée avec puissance et émotion par l’inoubliable auteur de CENTRAL DO BRASIL.» – Le Figaro | «JE SUIS TOUJOURS LÀ est un drame familial solide qui fait le jour sur une page honteuse de l’histoire brésilienne. Son esthétique soignée (il faut louer en particulier la superbe photographie d’Adrian Teijido et la musique tout à fait adaptée à l’intrigue composée par Warren Ellis) et sa remarquable comédienne principale en font une expérience cinématographique puissante.» – cineuropa