Geri Krebs s’est en revanche réjouie de “Do Not Expect Too Much of the End of the World” de Radu Jude, “une charge fulgurante contre la nouvelle économie d’un turbocapitalisme déchaîné”. Un film qui montre que le cinéma politiquement engagé peut être incroyablement plaisant.
Geri Krebs : Top et Flop du Locarno Film Festival 2023
- Publié le 12. août 2023
Pour ce critique de cinéma de longue date, ce n'est pas un film en particulier, mais une soirée entière qui a été le méga-flop du festival.
Meilleur Film : «Do Not Expect Too Much of the End of the World» de Radu Jude
Ce collage cinématographique endiablé, un film composé de deux films, est tout ce que l’on peut imaginer : une charge fulgurante contre la nouvelle économie d’un turbo-capitalisme déchaîné, une réflexion incroyablement intelligente sur la réalisation de films avec de nombreuses références originales à l’histoire du cinéma, un road-movie dans le pays le plus dangereux d’Europe, la Roumanie, avec une chauffeuse aussi géniale que grandiose dans son autodérision, un voyage à travers l’histoire roumaine des quarante dernières années. Et surtout : un film avec un feu d’artifice d’idées délirantes et des dialogues fulminants de drôlerie, qui n’hésitent parfois pas à faire preuve de la plus grande vulgarité. Et c’est un film qui montre que le cinéma politiquement engagé peut être très amusant.
Pas de pire Film mais toute une soirée
Une soirée d’ouverture sur la Piazza aussi ratée qu’on l’a rarement vue à Locarno. Le pire film était le premier film du catalogue du festival et (pré)film officiel d’ouverture de la Piazza : “Dammi” de Yann Mounir Demange. Seize longues minutes d’ennui pur et simple. Un film dont la présence éminente dans le programme ne s’explique que par la présence de deux stars, Riz Ahmed et Isabelle Adjani – qui ne fait toutefois qu’une brève apparition. Et surtout, le fait qu’il est terriblement politiquement correct de voir un jeune immigré algérien pauvre tituber dans les rues et les bars d’un Paris nocturne mal éclairé, tout en se plaignant avec peu de variantes que les autochtones ne sont pas du tout gentils avec lui. Même pour un court-métrage, c’est un peu léger. Yann Mounir Demange a toutefois été surpassé en termes d’ennui par le film suivant, “L’étoile filante”, du duo franco-belge Fiona Gordon et Dominique Abel. Il ne s’agissait pas tant d’être politiquement correct que de voir une troupe d’acteurs d’une laideur impressionnante tenter désespérément d’être drôle pendant 98 minutes, tout en ne produisant que de l’infernal, sans fil conducteur dramaturgique reconnaissable, ni même d’intrigue.