77e festival de Cannes : le Top 3 de la Rédaction

FURIOSA : UNE SAGA MAD MAX (Georges Miller, 2024)
Après le choc FURY ROAD en 2015, qui avait ressuscité la saga « Mad Max », et alors que Georges Miller avait rapidement annoncé un préquel sur FURIOSA, les fans étaient sceptiques. Comment réitérer l’exploit ?
Georges Miller, du haut de ses 79 ans, réalise l’impensable : faire encore plus fou, moderne, visuellement excitant et narrativement inventif que ses films précédents. FURIOSA propose plusieurs scènes parmi les plus marquantes du cinéma d’action de ces 15 dernières années, tant esthétiquement que cinématographiquement parlant. Les plans sont toujours signifiants, la photographie et les cadres sont soignés, la patte visuel et l’univers semblent se développer à chaque minute, et le public en sort subjugué. Réussir, lors d’un festival sous forme de chant du cygne pour beaucoup de cinéastes de sa génération, à pousser les curseurs encore plus loin, place Georges Miller au panthéon des artistes de son temps, et des suivants.

LE DEUXIÈME ACTE (Quentin Dupieux, 2024)
De retour pour un troisième (!) film en moins d’un an, Quentin Dupieux a fait l’ouverture de ce 77ème Festival de Cannes. Présenté hors-compétition, LE DEUXIÈME ACTE a encore une fois bouleversé le public par son approche narrative imbriquée, à base de film dans un film, de mise en abyme et d’humour corrosif.
Que se passe-t-il lorsque des acteurs et actrices doivent jouer un film ? mais que celui-ci est lui-même dans un film ? et que ce dernier est encore une nouvelle partition ? LE DEUXIÈME ACTE tente de répondre à ces absurdes questions en présentant 4 personnages (ou doubles des interprètes ?) devant tourner une scène. Mais alors que les figurants paniquent et que les esprits s’échauffent, c’est tout le cinéma français qui en prend pour son grade. Plus proche de ses premières productions, Dupieux livre à nouveau un cinéma de « sale gosse » qui cherche autant à faire crisser des dents qu’à faire hurler de rire, jusqu’à un long plan final rappelant, qu’après tout, tout ceci n’est que du cinéma.

JIM HENSON IDEA MAN (Ron Howard, documentaire, 2024)
Si on le connaît pour APOLLO 13 (1995) ; UN HOMME D’EXCEPTION (2001) ; la trilogie des DA VINCI CODE (2006, 2009, 2016) ou encore RUSCH (2013), on attend évidemment moins Ron Howard dans le genre du documentaire. Pourtant brillant en 2016 avec THE BEATLES : EIGHT DAYS A WEEK, il avait reçu des critiques plus mitigées 3 ans plus tard avec son PAVAROTTI (2019). Difficile donc de s’avancer sur son nouveau biopic, présenté dans le cadre de Cannes Classics, avant de guetter dans la salle les regards émus et de se rendre compte que nous ne sommes pas seuls à étrangement adorer sa proposition et son hommage vibrant à Jim Henson, le plus célèbre des marionnettistes et créateur du Muppet Show. Là où trois jours plus tôt Faye Dunaway était décorée d’un documentaire somme toute classique et ennuyeux, Ron Howard reçoit en trombe une standing ovation à la hauteur de son œuvre magistrale. Il porte un regard bienveillant et émouvant, documente précisément et annexe son récit d’une patte aussi créative que celui qu’il donne à connaître : le « créateur aux mille idées ». On dévore son rapport à la vie, au temps, à l’humanité ; on convoite son empressement à réaliser ses rêves ; on est pris d’une envie irrépressible de prolonger dans les rues le spectacle que l’on vient de quitter, la fantaisie comme fer de lance et la créativité pour changer le monde.