Un film sur l’impossibilité de dormir et le désir d’aimer, sur l’écriture et la lecture, sur le fait d’être dans le monde et peut-être de passer à côté de lui. Une histoire en suspens entre symbolisme et réalisme, drôle et profondément tragique.
ROTER HIMMEL - LE CIEL ROUGE
Le deuxième volet de la trilogie de Christian Petzold, qu'il a commencé en 2020 avec "Ondine".
Christian Petzold est né en 1960 à Hilden. Il a étudié la germanistique et les sciences du théâtre à l’Université libre de Berlin, puis la réalisation à la Deutsche Film- und Fernsehakademie de Berlin de 1988 à 1994. Christian Petzold a déjà été représenté cinq fois avec ses films en compétition à la Berlinale, la dernière fois en 2020 avec UNDINE. En 2012, il a reçu l’Ours d’argent de la meilleure mise en scène pour BARBARA.
ROTER HIMMEL – LE CIEL ROUGE | Synopsis
Une petite maison de vacances sur la côte de la mer Baltique. Les journées sont chaudes et il n’a pas plu depuis des semaines. Quatre jeunes gens se réunissent, anciens et nouveaux amis. Lorsque les forêts desséchées commencent à s’enflammer autour d’eux, leurs sentiments se réveillent également. Le bonheur, le désir et l’amour, mais aussi la jalousie et le ressentiment. Entre-temps, les forêts s’embrasent. Et bientôt, les flammes sont là.
ROTER HIMMEL – LE CIEL ROUGE | Autres avis
“Christian Petzold a réussi une fois de plus à réaliser un film fascinant – qui est en outre aussi divertissant et émouvant que peu d’autres de ses œuvres”. – Björn Becher, Filmstarts | “Ce sont les grandes et déroutantes audaces dramaturgiques du film, sa représentation pleine d’humour de l’incertitude et du désespoir humains, qui le rendent si subtilement excitant et émouvant. ‘Ciel rouge’ montre un débutant en littérature, contraint de tout rejeter pour pouvoir évoluer, mais aussi un vieux maître ouvert à l’autocritique et au développement personnel”. – Guy Lodge, Variety | “La caractéristique la plus remarquable des films de Petzold est sa maîtrise de l’expression et son sens de l’émotion. Ses personnages vivent et respirent, mais c’est dans leurs relations qu’ils prennent vraiment vie”. – Savina Petkova, Cineuropa
Le réalisateur allemand à succès Christian Petzold s’est abondamment servi dans sa boîte, où tous les outils psychologiques nécessaires à une bonne histoire étaient prêts à être utilisés. Et il les a utilisés de manière bien dosée et avec une grande précision. Notamment grâce à sa merveilleuse équipe de jeunes acteurs, qui se sont penchés avec Petzold sur son scénario, l’ont assailli de questions et lui ont fait de nouvelles propositions, comme le raconte Petzold dans une interview. Un sacré coup de chance.
Critique de Madeleine Hirsiger
Le début de l’histoire semble simple : deux jeunes hommes veulent aller au bout de leurs visions artistiques, un roman et un livre de photos doivent voir le jour dans le silence. Mais quelqu’un s’est déjà installé au bord de la mer Baltique, dans la maison d’été des parents du photographe Felix (Langston Uibel). Felix prend les choses avec calme, comme tout en ces chaudes journées d’été, tandis que pour Leon, le poète (Thomas Schubert), le stress commence. Il ne s’attendait pas à cette situation. Tout écart par rapport à ses idées le perturbe. C’est la séduisante Nadja (Paula Beer), qui passe l’été à gagner un peu d’argent au bord de la mer et qui mène une vie totalement libre, sans se laisser enfermer par quoi que ce soit. La nuit, elle s’envoie en l’air – sans détour et avec plaisir – avec le maître-nageur à en faire gémir les murs. Stress pour Léon : il s’énerve, ne peut pas dormir et est irrité – alors que Nadja a jeté son dévolu sur lui, presque à son insu. Mais il ne lui viendrait jamais à l’idée de demander à Nadja ce qu’elle fait dans la vie.
Un protagoniste égocentrique
Leon n’avance pas sur son livre, son éditeur a déjà laissé entendre que son manuscrit n’était pas vraiment un chef d’œuvre. C’est là que ça devient trop pour Léon. Et le fait qu’il y ait des déplacements amoureux de toutes sortes au sein du groupe de vacances alimente son incertitude. Et comment fait-il pour tenir le coup, lui qui, avec son comportement égocentrique, est de plus en plus en marge des événements, totalement replié sur lui-même ? Comment s’en sort-il ? Le feu qui dévore la forêt et qui s’approche dangereusement de la maison d’été, où les cendres volent déjà comme des flocons de neige sur le toit de la maison, l’aidera-t-il peut-être ?
Un film d’été réussi
LE CIEL ROUGE est un film léger et intense, à la fois profond et cruel. Il montre des jeunes gens qui cherchent leur voie et se mettent parfois eux-mêmes en travers du chemin. Mais dès qu’ils se détendent – et c’est surtout le cas de Léon – des espaces de liberté apparaissent, qu’il s’agit d’occuper. Tous les personnages évoluent et acquièrent des caractères bien définis au fil de l’histoire. La caméra, la mise en scène et surtout les interprétations des jeunes acteurs sont du meilleur effet. Le rythme lent laisse aussi de la place à l’oisiveté, au “temps qui passe”. Et c’est une autre qualité du film. Avec LE CIEL ROUGE, Christian Petzold, 62 ans, a réussi un film d’été de premier plan. Selon Petzold, ce sont plutôt les français qui maîtrisent ce genre. Mais la pandémie lui a donné le temps – avec la protagoniste Paula Beer – de réfléchir aux “films d’été” et d’y travailler. LE CIEL ROUGE a remporté le Grand Prix du jury à la Berlinale de cette année.
Conclusion: Ce n’est pas souvent que l’on a l’impression que tout est parfait dans un film. Les films d’été allemands peuvent donc être aussi merveilleux.