Biopic très romanesque sur Leonard Bernstein (interprété brillamment par Bradley Cooper) qui met en scène sa passion dévorante pour la musique avec une grande virtuosité mais qui s’attarde davantage sur le couple atypique et touchant qu’il formait avec sa femme, l’actrice Felicia Montealegre, jouée avec beaucoup d’intensité par Carey Mulligan.
MAESTRO
Second film de Bradley Cooper sur la vie mouvementée du célèbre compositeur et chef d'orchestre Leonard Bernstein avec un focus sur son couple.
MAESTRO | Synopsis
Le film raconte la vie publique, privée et compliquée du légendaire compositeur Leonard Bernstein. L’homme, considéré comme l’un des plus grands compositeurs et chefs d’orchestre de tous les temps, a eu une relation romantique complexe avec sa femme Felicia Montealegre Cohn Bernstein. Ils ont partagé trente ans de leur vie commune et ont eu trois enfants. Felicia était cependant consciente des nombreuses aventures de son mari avec d’autres hommes.
MAESTRO | Critique d’Ondine Perier
MAESTRO démarre par une scène d’une interview récente de Leonard Bernstein – Lenny – âgé qui répond à un journaliste sur sa façon d’appréhender la musique et son inspiration. Nous sommes ensuite projetés d’emblée dans les années 40 à New-York dans un tourbillon de création et d’énergie avec une caméra virevoltante allant de l’appartement de Lenny qu’il partage avec ses colocataires artistes au théâtre qui accueille l’Orchestre Philharmonique de New-York.
Bradley Cooper utilise un très beau noir et blanc pour cette période de vie du compositeur, pleine de fougue et d’opportunités. C’est aussi le temps béni de la rencontre avec sa future femme, l’actrice Felicia Montealegre : la séduction, les rendez-vous amoureux, puis leur mariage en 1951 et la vie commune et ses aléas. On comprend très tôt dans le film que Lenny a un penchant pour les hommes. Felicia en est tout a fait consciente et accepte les aventures de son mari, comme le répète la soeur du Maestro : il y a un prix à payer pour vivre avec lui. Felicia apparaît vite comme un pilier fondateur de la réussite de son mari et un modèle d’abnégation. Elle mettra souvent sa carrière de côté au profit de celle du chef d’orchestre dont l’agenda déborde de représentations qui les envoient aux quatre coins du globe.
Une interprétation remarquable
Bradley Cooper réussit brillamment la double fonction de réalisateur et acteur principal du film. Il se confond avec son personnage et adopte sa gestuelle, son phrasé, sa voix de fumeur invétéré. Ses traits vieillissent sous nos yeux grâce au travail remarquable de l’artiste Kazu Hiro. L’acteur rend compte à merveille de l’incroyable dynamisme de Bernstein lorsqu’il sévissait comme chef d’orchestre. Une des scènes les plus intenses est le concert donné à Ely Cathedral en 1973 orchestré par Bernstein. Le concert est filmé en plan séquence, 200 musiciens sont à l’ouvrage et l’énergie déployée par Bernstein est ici saisissante. Le spectateur voit un artiste habité par la musique, en l’occurence la vibrante et enivrante Symphonie n°2 de Gustav Mahler. Son portait est dressé avec beaucoup de pudeur et d’empathie par Bradley Cooper qui transforme l’essai après son très acclamé A STAR IS BORN (2018).
Une symphonie conjugale et familiale
Le couple formé par Lenny et Felicia est tour à tour charmant, amoureux, divisé, soudé et finalement uni. Les enfants du compositeur ont adoubé le film. Effectivement il s’agit d’un magnifique hommage rendu à l’homme public mais aussi au mari amoureux malgré ses égarements et au père attentionné et aimant. La vie de famille et la présence de Felicia – jusque dans les coulisses lors de ses concerts – semblent vitales pour le musicien. Beaucoup de gaieté d’être ensemble émane des scènes du quotidien dans la somptueuse demeure des Bernstein. Les magnifiques plans en contre-plongée du parc de la villa témoignent de l’immense succès de Lenny et du confort dans lequel vivait cette famille, sans que ce soit outrageux. Il y a beaucoup de raffinement et de subtilité tant dans le le fond que dans la forme de MAESTRO.
Pour conclure, MAESTRO est une vraie découverte, celle d’un artiste humaniste, tourmenté par sa bisexualité et totalement dévoué à son art et à la transmission. Lenny Bernstein apparaît extrêmement sensible, sujet aux plus grandes manifestations de joies comme à des moments de profonde mélancolie. La musique, forcément, occupe une place de choix dans cet élégant biopic. À l’issue du film, on n’a qu’une seule envie : (ré)écouter tous les morceaux du Maestro !