Une raison d’aller au cinéma est liée à l’espoir de vivre quelque chose de passionnant, d’inhabituel, de spectaculaire ou même d’adorable. On aimerait prendre du recul par rapport à sa propre vie pour un court instant et se plonger dans un autre monde fascinant, être transporté dans un autre état. BIRD répond à cette attente de manière très satisfaisante. Avec BIRD, la réalisatrice Andrea Arnold, 63 ans, suit sa propre jeunesse.
BIRD
Solide héritière du cinéma social britannique, Andrea Arnold a installé l’intrigue de ses deux premiers films au cœur de la banlieue pour en dépeindre la détresse, dans un style naturaliste chevillé à ses personnages. RED ROAD (Prix du Jury en 2006) et FISH TANK (Prix du Jury en 2008) soulignaient toute l’habilité de la réalisatrice à déployer un cinéma instinctif et à décrire le chaos qui entoure ceux que la vie a écorchés.
Pour AMERICAN HONEY, sa première réalisation hors des frontières de la Grande Bretagne – récompensée du Prix du Jury en 2016 -, Andrea Arnold s’est engagée dans un périple de plusieurs semaines à travers le sud des États-Unis pour filmer le quotidien précaire, fait de sexe et de drogues, d’un groupe de démarcheurs à domicile.
Deux ans après COW (2022), son interlude documentaire donnant à voir le quotidien d’une vache laitière, la cinéaste britannique ancre son retour sur sa terre natale et renoue avec ses aspirations sociales pour raconter l’histoire de Bailey (Nykiya Adams), une adolescente de 12 ans vivant avec son père Bug (Barry Keoghan) et son frère Hunter (Jason Buda) dans un squat au nord du Kent. Son quotidien morose bascule lorsqu’elle fait la connaissance de Bird, un jeune homme interprété par Franz Rogowski, qui a témoigné après le tournage de la méthode de travail si singulière d’Andrea Arnold, capable selon lui d’attendre plusieurs heures, « comme un chasseur », pour capter le « bon moment » sans chercher à le provoquer.
BIRD | SYNOPSIS
Bailey vit avec son père Bug (Barry Keoghan) dans un squat du Kent, près de Londres. Au lieu de s’occuper de Bailey, Bug préfère se concentrer sur sa dernière idée commerciale, lorsqu’il ne passe pas ses nuits à faire la fête, défoncé à la coke : il veut développer une super drogue hallucinogène à partir des sécrétions d’un crapaud spécial d’Amérique du Sud et la vendre à prix d’or. Après s’être une fois de plus enfuie de chez elle lors d’une dispute, Bailey rencontre l’étrange Bird (Franz Rogowski) qui vient vers elle en faisant des culbutes et en jupe plissée comme si de rien n’était. Dans un monde où personne ne s’occupe d’eux, Bird devient le plus proche confident de Bailey. Mais Bird est-il vraiment celui qu’il prétend être ? Andrea Arnold (FISH TANK, AMERICAN HONEY) raconte dans BIRD une histoire touchante et poétique, quelque part entre le conte de fées et le drame.
Brève critique de Mathieu Vuillerme
Lauréate de trois prix du jury, Andrea Arnold est de retour à Cannes. Cette année, elle nous présente son dernier film, Bird, et nous invite dans son Kent natal à la rencontre de Bailey, une jeune adolescente vivant dans une famille dysfonctionnelle et dont la découverte du monde est rythmée par la poésie et la violence de son milieu. Flirtant pour la première fois avec l’univers fantastique, Andrea Arnold convoque à la fois Ken Loach et le règne animal pour nous entraîner avec humour et violence dans son univers propre à elle. La performance des actrices et des acteurs est encore une fois sidérante et la brutalité du propos est toujours nuancée par une caméra très mobile et des dialogues somptueux.
BIRD | AUTRES AVIS
«Fidèle à son style naturaliste, la réalisatrice britannique continue à creuser son sillon au sein de ces classes sociales oubliées dont elle sait si bien rendre compte.» – Le Monde | «La cinéaste britannique Andra Arnold signe un film puissant se déroulant dans un village du Kent où on devient parents à l’adolescence et où l’avenir ressemble à un trou noir.» – Le Temps | «La jeune Bailey survit à la violence sociale grâce à son imaginaire… et à un drôle d’ange gardien, Bird, interprété par le très bon Franz Rogowski. Un film tout en mouvement et en poésie brute.» – Télérama